FICTIONS LGBT

15 YEARS de Yuval Hadadi : le quadra gay qui ne voulait pas d’enfants

By  | 

Premier long-métrage du réalisateur Yuval Hadadi en provenance d’Israël, 15 Years raconte la sortie de route d’un homme plus à vif qu’il ne veut l’admettre qui se retrouve brutalement confronté à la question de la paternité. 

Yoav (Oded Leopold) est un beau quadra gay architecte, confortablement installé. Il est en couple depuis maintenant 15 ans avec le joli Dan (Udi Persi). Tout semble bien se passer pour eux, la complicité est toujours au rendez-vous. Mais un soir, lors d’un vernissage, la meilleure amie de Yoav, Alma (Ruti Asarsai), annonce qu’elle est enceinte. 

Cette nouvelle à priori joyeuse va venir complètement chambouler le quotidien de Yoav. Lors d’une soirée entre amis, il regrette violemment et ouvertement qu’autour de lui tout le monde « cède à la mode » de vouloir fonder une famille. Sauf qu’il se trouve que Dan, son compagnon, aimerait justement être père un jour… Le rejet catégorique de toute discussion sur le sujet va commencer à créer des frictions au sein de leur couple. Ce que Yoav refuse d’admettre, c’est que la question de la paternité fait ressurgir chez lui des douleurs qu’il n’a pas su cicatriser. Plutôt que de parler calmement et à coeur ouvert, il va complètement partir en roue libre, entamant une descente aux enfers qui va peu à peu le couper de tous ceux qui l’aiment… 

15 years film yuval hadadi
15 years film yuval hadadi

Le moins qu’on puisse dire est que le réalisateur Yuval Hadadi n’a pas peur d’appuyer là où ça fait mal avec ce long-métrage qui aborde de façon douloureuse l’incapacité d’un couple à se mettre d’accord sur le fait de fonder ou non une famille. 15 Years est avant tout le portrait de Yoav, campé par le très habité Oded Leopold (déjà aperçu dans le magnifique film The Bubble et qui ici a plus que jamais – et paradoxalement quelque part – l’allure d’un sexy daddy). Un personnage disons-le franchement odieux. C’est à la fois ce qui est intéressant dans ce drame intimiste et son problème majeur : le personnage de Yoav est tellement tourmenté, tellement véhément, qu’on a souvent du mal à le suivre et à s’attacher à lui. 

Les scènes s’étirent, la noirceur n’en finit plus de gagner du terrain et le spectateur se retrouve souvent au bord de l’asphyxie. Comme l’effet d’une violente gueule de bois qui s’éternise. On suit, impuissants, la descente aux enfers du personnage principal qui détruit doucement mais surement tout ce qu’il a pu construire pendant les quinze dernières années de sa vie (le fait qu’il travaille comme architecte n’est surement pas un hasard, ironie de l’autodestruction). 

Les acteurs sont bons, le sujet traité en profondeur, la mise en scène est un peu classique mais on retient surtout cette atmosphère cauchemardesque, poisseuse, assez insupportable par moments. Un « feel bad movie » sans concession. 

Film produit en 2019 et présenté lors de la 27ème édition du Festival Chéries Chéris

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3