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Jef Barbara, Contamination : virus de l’amour et du désir
Québécois à l’excentricité assumée, Jef Barbara dévoile avec son album Contamination un univers aussi amusant que surprenant. Le premier titre, Larmes de crocodiles annonce la couleur : on dirait un vieux tube des années 1980, en français, à la sentimentalité revendiquée. Délirant, potentiellement un peu trop branché, le morceau finit par séduire grâce à ses instrumentations étonnamment cinématographiques. Un savant mélange de fausse naïveté et d’électro perdue dans l’espace temps, une propension à tout oser : alors que le lubrique Caresses interdites se profile, on sourit et on trouve même ça émouvant, l’image de ce garçon qui a des pulsions face à un corps endormi…La voix caressante lance : « Laisse-moi faire… » et on a en effet envie de s’abandonner à cette pop joueuse où le sexe n’a plus d’étiquettes.
Beats démoniaques, c’est parti pour Sébastien qui évoque la frustration de ne pas posséder totalement l’objet de son affection. Les textes malins et rigolos sont souvent très justes et derrière l’humour se profile doucement une belle sensibilité. Le rythme s’adoucit le temps d’un vénéneux et sublime Cocaïne Love avant de repartir de plus belle pour un Flight 777 qui nous propulse sur une autre planète. Morceaux en français et en anglais se chevauchent, mais l’obsession reste la même : confusion des genres, des pulsions et des sentiments (Les homosexuelles, Wild boys ou encore l’exquis Turn on). Voici un album aux couleurs extravagantes et changeantes, aux textes intemporels et acidulés. Contaminé.