CINEMA
JUSQU’À LA GARDE de Xavier Legrand avec un Denis Ménochet méga flippant
On aime bien Denis Ménochet qui est un peu notre grand nounours du cinéma français. Mais en le voyant dans le film de Xavier Legrand, « Jusqu’à la garde », on se dit que si on le croisait dans la rue, on partirait en courant. Vite !
Epaulé par une critique dithyrambique, ce long-métrage fait déjà beaucoup parler de lui. Il s’ouvre une confrontation devant une juge. Miriam (Léa Drucker) et Antoine (Denis Ménochet) se séparent. L’épouse souhaite avoir la garde exclusive de son fils. Sa fille, bientôt majeure, ne souhaite plus jamais être en contact avec son père. La raison est clairement expliquée : Antoine serait un homme obsessionnel et violent, ayant tabassé sa femme mais s’en étant aussi pris à ses enfants. Pour être en sécurité, Miriam a changé de logement et tient son adresse secrète. La femme apparait terrifiée. Mais Antoine ne se laisse pas faire, met en doute ses accusations et les preuves qui les accompagne. Coup du sort : la juge décide de lui offrir la garde alternée du petit garçon.
Un week end sur deux, Antoine débarque pour récupérer son fiston. Il vient le chercher chez les parents de Miriam pour éviter toute confrontation directe avec son ex épouse. Dans un premier temps, l’homme joue les victimes, clame avoir changé, être plus serein, et blâme son ex partenaire de le mettre à l’écart et de monter ses progénitures contre lui. Petit à petit, son visage le plus sombre ressort alors qu’il se sert de son fils pour tenter de récupérer des informations sur Miriam, son nouveau téléphone et logement. Le gamin tente de résister mais face à un père brutal, incontrôlable et manipulateur, il n’est pas suffisamment armé. Le pire pourrait bien à nouveau arriver…
Clairement, ce n’est pas un film facile à visionner et à digérer. Le réalisateur traite avec sensibilité mais aussi frontalement le sujet de la violence conjugale qui continue d’être la source de nombreuses morts en France comme ailleurs. Dans son rôle de bête humaine en roue libre, Denis Ménochet est complètement flippant. Il est monstrueux et plus le métrage avance et plus on est pris d’une immense haine à son encontre. La tension monte progressivement jusqu’à un dernier tiers étouffant à souhait qui nous cloue sur notre fauteuil.
Pas de doute : « Jusqu’à la garde » à de quoi délier les langues et faire prendre conscience de la gravité de ces situations. Et si l’ensemble prend tellement aux tripes, c’est aussi et surtout, en plus de ses bonnes interprétations, à une mise en scène intense et nerveuse. On ressent la menace permanente que subit le personnage de Léa Drucker, la peur immense mêlée au dégoût. Pour ceux qui n’ont pas peur d’avoir mal devant leur écran, ce film constitue un petit tour de force.
Film sorti le 7 février 2018