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Judah Warsky, Painkillers & Alcohol : sombre est le trip
Membre du groupe Chicros, Judah Warsky s’échappe pour un solo avec l’album Painkillers & Alcohol. Entrée en matière avec le morceau qui donne son titre à l’album. Voix haut perchée, qui déconcerte : on assiste à une sorte de ballade de grand défoncé, qui parvient bel et bien à nous faire tourner la tête à coup de beats étonnamment envoûtants. Nous sommes dans le noir, un peu perdus, ne nous reste plus qu’à poursuivre l’aventure proposée par l’artiste, qui a enregistré ce disque « techno lo-fi » avec un seul clavier et une seule main. Se déploie alors le bien nommé Asleep in the train. Ce morceau ravageur, entre trouble et fureur, nous donne l’impression d’émerger de rêveries ou autres cauchemars alors qu’à bord d’un train on continue de voir la route défiler à toute vitesse au travers de vitres embuées. Il y a là de la beauté mais on a tout de même le ventre noué. On s’accroche.
Ballade pop-folk bousculée, presque désarticulée par des bruits qu’on croirait émaner d’une fête foraine : Failure to comply nous rend tout aussi marteau que ses prédécesseurs. On se laisse bercer par l’envoûtant Oh Cumbia, avant de s’envoler vers L’Espace, titre en français (issu d’un texte de la mère de l’artiste). C’est bizarre et poétique en même temps. Sur le fil. C’est ce qu’on retiendra de cet album un peu maladroit mais ponctué d’éclats : le fait que d’un moment à l’autre, on se dit que tout peut s’effondrer. Judah Warsky livre une musique brute et aventureuse, qui plus d’une fois finit par donner le frisson (les très beaux Universe et Catch me now). Une expérience.