HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES de John Cameron Mitchell : fusion

Mine de rien, la filmographie de John Cameron Mitchell est à la fois queer et très diversifiée. Depuis « Hedwig and the Angry Inch », le réalisateur a signé un film choral unique en son genre (le dément « Shortbus »), un mélodrame bouleversant (« Rabbit Hole ») et avec How to talk to girls at parties il s’essaie désormais à la science fiction avec un côté conte bizarroïde pour dynamiter le teen movie. Ce film sorti en 2018 est un plaisir un peu régressif et une vraie curiosité.

Enn (Alex Sharp) est fan de musique punk et écume avec ses potes les bars-concerts en quête de nouveaux talents qu’ils mettront en avant dans leur fanzine. Ils essaient souvent, sans succès, de s’incruster dans des after parties. Un soir, ils pensent en avoir trouvé une et pénètrent dans une grande maison diffusant une musique expérimentale intrigante. Ils se retrouvent plongés dans une atmosphère surréaliste, face à des rites complètement exotiques. L’un part en transe, l’autre s’essaie à une expérience qui va le chambouler et Enn fait la rencontre de Zan (Elle Fanning), une très belle jeune femme qui vient clairement d’un autre monde.

Une sorte de coup de foudre s’opère entre Enn et Zan et la belle inconnue, curieuse et un poil rebelle, obtient l’autorisation de s’échapper pendant 48h pour aller explorer le monde tel que Enn le connait. Avec candeur et excitation, elle a hâte de découvrir « la planète Punk ». Ces deux jours, riches en rebondissements, vont pour sûr rester à jamais gravés dans les mémoires de ce couple naissant qui se nourrit de ses différences.

Il y a par moments ici un petit côté Gregg Araki de par l’aspect complètement farfelu, « what the fuck » des situations. C’est complètement perché, foisonnant, on ne parvient plus à discerner la pureté de la naïveté du second degré. Les repères sont bousculés, cela pourrait vite devenir grotesque mais c’est John Cameron Mitchell qui est aux commandes et on a juste super envie d’y croire. La scène très étrange dans la maison est à la fois complètement pétée, hypnotique et magnétique. On ne sait plus où on est, où ça va et c’est complètement jouissif !

Alors certes, le scénario est un peu basique et se déroule comme un conte enfantin mais l’atmosphère est très chouette, avec un amour contagieux pour le punk, un parfum de nostalgie adolescente, la rencontre sirupeuse et craquante d’un garçon et d’une fille comme deux mondes étrangers qui fusionnent pour rendre l’univers meilleur. C’est tendre, plein d’humour et très joliment incarné par Alex Sharp et Elle Fanning (avec aussi Nicole Kidman qui en fait des caisses dans un rôle d’icône punk un peu à la dérive). Cool et attachant, un teen SF movie rafraichissant.

Film sorti en 2018