PLAY d’Anthony Marciano : rembobiner sa vie

L’année cinéma 2020 commence fort avec « Play ». Anthony Marciano délivre la comédie française la plus drôle vue depuis longtemps à travers un film pop qui est également aussi attachant que touchant.

Max (Max Boublil), trentenaire en proie au spleen, se retrouve à faire le point sur sa vie. Pour cela il décide de visionner toutes les VHS à travers lesquelles il a filmé sa vie, ses amis, sa famille, ses amours. Et il en a de la matière à regarder, lui qui s’est toujours baladé avec sa caméra en bon nostalgique avant l’heure. Au fil du visionnage, il se remémore son enfance tendre avec une maman très présente (Noémie Lvovsky), son adolescence avec ses meilleurs amis Mathias (Gabriel Caballero / Malik Zidi) et Arnaud (Gabriel Brunet / Arthur Perier-Pillu), sa vie étudiante, son entrée difficile dans l’âge adulte alors qu’il essaie de devenir comédien et qu’il voit s’éloigner sa meilleure amie qu’il n’a jamais vraiment osé désirer, Emma (Alice Isaaz).

Film pop, Play est aussi et surtout un grand film générationnel. Anthony Marciano nous replonge au coeur des années 1990 et 2000 et se propage un irrésistible parfum de nostalgie à l’écran. Est-ce la carte du home made movie qui nous replonge si facilement et intensément dans de bons souvenirs ? Sans doute mais pas que : un gros travail a été fait pour reprendre tous les événements et éléments de pop culture qui ont jalonné ces années. La musique, les films, la Playstation, la Coupe du monde : tout est là.

C’est un grand portrait de garçon nostalgique qui apparait à l’écran. Max ne lâche jamais sa caméra, comme s’il ne pouvait savourer le présent qu’en le regardant à posteriori. Si sa caméra capte d’hilarants moments de délires entre amis, elle devient surtout une barrière entre lui et Emma (belle et touchante Alice Isaaz). Plus mature que lui, la jeune femme ne cesse de lui tendre des perches mais Max n’ose pas transformer cette relation d’amitié en amour. A-t-il peur de rentrer vraiment dans le réel ? Ou bien est-ce la séparation douloureuse de ses parents qui l’effraie pour son propre itinéraire ?

Si évidemment ceux qui ont grandi dans les années 1990-2000 vont se régaler, le film est tellement universel qu’il touchera bien plus large que cette cible. Car ce qu’il raconte touche absolument tout le monde : la force de l’amitié lors de l’adolescence, l’amour pour sa mère, l’objet de l’affection qui nous échappe, le temps qui nous rattrape et change bien des choses. Ultra divertissant, très bien ficelé, Play s’appuie enfin sur une bande de comédiens au top qui rendent tous les personnages extrêmement attachants à travers des situations universelles. C’est un vrai beau film populaire, qui fait réfléchir sur l’essentiel, face auquel on rit beaucoup mais qui nous met aussi à plusieurs reprises les larmes aux yeux. Ce genre de réussite est assez rare pour mériter d’être couronnée de succès.

Film sorti  au cinéma le 1er janvier 2020