
FICTIONS LGBT
MARRY MY DEAD BODY de Wei-Hao Cheng : marié à un fantôme gay
Mélange de comédie barrée, de polar et de bromance hétéro-gay, Marry my dead body est un drôle de cocktail, aussi sympathique qu’efficace, en provenance de Taïwan.
Ming-Han (Greg Han Hsu) est un beau mec et une tête brûlée. Policier, il essaie de gravir les échelons et est toujours assoiffé d’action. Définitivement surmotivé, il a toutefois de gros travers qui pourraient porter préjudice à sa carrière. Parfois trop violent, légèrement homophobe sur les bords, il n’est pas loin d’être définitivement mis à l’écart.
Refusant de se laisser mettre au placard, il fonce aux côtés de sa collègue dont il est épris, Lin Tzu-Ching (Gingle Wang), quand l’occasion se présente de poursuivre de dangereux dealers. Alors qu’il effectue une fouille dans un parc, il tombe sur une enveloppe rouge. Un groupe de femmes âgées lui saute dessus en lui disant que le destin l’a amené à prendre cette enveloppe et que maintenant il va devoir accepter de faire un « mariage fantôme ». Selon elles Ming-Han se doit d’épouser Mao, un jeune gay décédé après avoir été renversé par un chauffard ayant pris la fuite ! Ce serait là le moyen de réaliser l’une des dernières volontés du défunt (qui rêvait de se marier malgré l’opposition féroce de son père) et de contribuer à apaiser son âme. Etant peu gay friendly, Ming-Han refuse catégoriquement… mais les vieilles dames le préviennent que le sort l’a vraiment choisi pour être l’époux et que s’il ne s’exécute pas de grands malheurs vont lui arriver. Il ne les prend pas au sérieux.


Les jours qui suivent cet événement, Ming-Han est contraint de constater que les vieilles femmes n’avaient pas menti : il se blesse gravement et son quotidien devient insupportable. Redoutant que toute son existence se mue en une malédiction permanente, il finit par accepter d’épouser le fantôme de Mao lors d’une improbable cérémonie. Il espère être ensuite débarrassé de tout cela mais voilà que le fantôme de Mao se matérialise devant lui !
Conscient que Ming-Han n’est pas un allié, Mao va s’amuser à le titiller pour qu’il ouvre un peu son esprit. Surtout, il lui affirme que s’il l’aide à exaucer ses dernières volontés (et notamment à retrouver qui est le conducteur l’ayant tué avant de prendre la fuite), il le laissera tranquille et mieux encore l’aidera à progresser au sein de la Police. L’improbable couple fait donc équipe et s’embarque pour une folle enquête…



On ne pourra pas reprocher à ce film de manquer d’originalité ! Marry my dead body se moque joyeusement des clichés et des à priori autour d’un duo hétéro-gay aussi inattendu, amusant que finalement très attachant. Soit deux personnes complètement contraires et d’abord férocement opposées qui vont faire équipe pour élucider un délit de fuite en même temps que le démantèlement d’un réseau de dealers.
Se fichant du bon goût et du réalisme, préférant largement la fantaisie, le long-métrage n’a pas peur d’aller à fond dans le kitsch, l’humour très décalé et potache. Et en filigrane nous suivons l’évolution de Ming-Han, mec fermé d’esprit qui va petit à petit élargir ses horizons et ouvrir son coeur en découvrant l’histoire et la personnalité de Mao, un gay qui a dû se battre toute sa jeune vie pour simplement être heureux et aimer qui il veut.




Le mélange des nombreux genres aurait pu être indigeste mais le résultat est une jolie petite réussite, divertissante, amusante et attendrissante, parvenant à tenir en haleine et à aborder des sujets plus profonds qu’ils n’en ont l’air (la perte d’un enfant, l’homophobie, le machisme au sein de la Police…). Tout le cast déborde d’énergie et le projet est si barré qu’il est difficilement prévisible donc régulièrement surprenant et réjouissant. Une bromance dont on ressort étonnamment ému.
Film produit en 2022 et disponible sur Netflix