FICTIONS LGBT
SAD JOKES de Fabian Stumm : existence tragi-comique
Après s’être révélé en tant que réalisateur avec son film Des os et des noms, le réalisateur et comédien Fabian Stumm affirme encore un peu plus son style avec Sad Jokes.
La vie est triste mais on a le droit d’en rire. C’est ce que l’on se dit à la vision de ce nouveau long-métrage de Fabian Stumm qui redonne ses lettres de noblesse à la tragi-comédie. On y suit le quotidien de Joseph (Fabian Stumm), réalisateur, qui se retrouve dans une situation délicate alors que sa meilleure amie Sonya (Haley Louise Jones), avec laquelle il a eu un petit garçon, se retrouve à nouveau internée. Souffrant d’une grave dépression, Sonya a du mal à remonter à la surface même si tout ce dont elle rêve est de revenir auprès de la petite famille qu’elle a pu créer.
Joseph se retrouve à devoir s’occuper seul de son fils tout en essayant de poursuivre ses aspirations professionnelles : il essaie de monter un nouveau film, une comédie à l’humour noir. Pour tenter de donner naissance à ce projet il rencontre un producteur, une artiste et professeur… Dans le même temps, il s’interroge sur sa vie intime qui est au point mort depuis sa rupture avec son ex compagnon, survenue il y a plus de trois ans.
Comme c’était le cas avec Des os et des noms, Fabian Stumm se sert de situations du quotidien, des choses à priori un peu banales pour y amener de la dramaturgie, de l’intensité, pour capturer quelque chose de précis et profond du chaos de nos existences, souvent de façon très caustique. Là où son précédent long jouait la carte du film choral, celui-ci se recentre en particulier sur son personnage principal qui se démène pour garder la tête hors de l’eau. Et il n’est pas aidé entre sa meilleure amie qui a les nerfs qui ont lâché, ses aspirations créatives qui ont du mal à être comprises, une intimité saccagée par sa maladresse et sa fatigue, sans parler d’un accident idiot qui va lui valoir d’avoir une main bandée…
Ce qui est montré à l’écran est souvent triste mais Fabian Stumm réalise constamment de petits tours de force. Chaque scène se révèle ainsi imprévisible, pouvant changer de ton et d’atmosphère à tout moment, entre émotions et humour absurde. Un véritable numéro d’équilibriste. Le tout est servi par une interprétation juste, une écriture archi précise et d’une rare finesse et intelligence, une mise en scène sobre et parfaitement maîtrisée. En seulement deux films, Fabian Stumm est parvenu à imposer son propre style, identifiable, unique.
Film produit en 2024 et présenté au Festival Chéries Chéris 2024
