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Hundred Waters, premier album : pistes de Paradis
Sorti en toute discrétion, le premier album éponyme du groupe américain Hundred Waters est pourtant l’une des plus belles surprises de l’année 2012. Habile mélange des genres, évoquant à la fois les grandes heures du trip-hop à tendance pop et un mix étonnant entre folk et éléctro, voici un premier essai des plus enchanteurs.
Ouverture sur le délicat Sonnet. La voix de la chanteuse Nicole Miglis nous ensorcelle instantanément, guitare et claviers s’enlacent avant qu’une inattendue flute ne survienne. Le ton est donné : affranchis des genres, cette bande-là entend bien nous raconter de belles histoires et nous faire voyager dans des mondes imaginaires jusqu’alors inconnus. Chaque morceau a sa petite singularité. L’impression d’être sous une pluie enchanteresse dont chaque goutte brillerait d’une couleur différente. Joliment minimaliste et épuré (Caverns, Gather), cinématographique et élégant (Are/Or), évoquant les années 1990 (Thistle qui n’est pas sans rappeler quelques morceaux de bravoures de Björk) ou des temps très anciens (le chant joueur et haut perché de Wonderboom nous ramène à des délices presque primitifs) : on ne sait pas quoi retenir de cet impressionnant ensemble pourtant cohérent.
Certitude : Hundred Waters nous emmène très loin et souvent très haut. Conte scintillant, Boreal est un Eden à lui tout seul. C’est pourtant encore un autre titre qui achève de nous convaincre : l’incroyable Me & Anodyne. Les claviers magiques nous projettent dans le plus beau des rêves tandis que les refrains électrisent à en avoir la chair de poule et à rester quelques instants sans voix. Un premier album inspiré, intense comme la passion. On en ressort particulièrement ému.