CINEMA

À LA FOLIE (Like Crazy) de Drake Doremus : passion ne dure qu’un temps ?

By  | 

Etats-Unis. Anna (Felicity Jones), jeune anglaise, rêve de devenir journaliste. A l’un de ses cours, elle remarque un autre étudiant, Jacob (Anton Yelnich). Attirée, elle décide de se lancer : elle lui laisse sur l’essuie glace de sa voiture une lettre de déclaration d’amour. Suit un verre, des rendez-vous romantiques et complices où ils apprennent à se découvrir puis le début d’une grande passion.

Premier amour, amour fusionnel, évidence. Mais Anna doit faire attention : son visa américain va bientôt expirer. Alors qu’elle doit rentrer chez les siens, elle décide de passer outre les règles et de s’enfermer avec son amoureux pour qu’ils puissent encore et encore être collés l’un à l’autre. Impulsion, erreur. Le visa expiré, Anna ne pourra finalement plus remettre les pieds aux Etats-Unis et elle et Jacob devront malgré eux s’accoutumer d’une relation longue distance en attendant de trouver une solution.

Les semaines passent, ils grandissent. Anna fait ses débuts dans une rédaction web, Jacob se lance avec passion dans une carrière d’ébéniste. Des tentations surgissent, les appels téléphoniques entre amoureux s’espacent. Alors que Jacob vient rendre visite à sa belle en Angleterre, l’idée de se marier est évoquée. Mais est-ce que cela suffira à les réunir pour de bon ?

like crazy drake doremus like crazy drake doremus

Deux jeunes acteurs peu connus, un cachet de cinéma américain indie avec une belle photographie et une musique soignée, un regard sensible : À la folie (Like Crazy en VO) dispose de tous les bons ingrédients pour être une de ces petites productions qui font fondre les cœurs tant elles sont personnelles, criantes de vérité. Les interprètes sont, physiquement du moins, plutôt ordinaires, leur charme se déploie progressivement via des détails (un sourire ravageur en lisant une première lettre d’amour, le regard profond de celle qui est toute possédée par des sentiments qui se matérialisent pour la première fois…). L’intrigue peut paraître simple mais la complexité des sentiments et des situations, le vécu qui se cache derrière et qui est palpable, la rendent unique. On craque.

Si le premier amour, le passage de la vie étudiante à l’entrée dans la vie professionnelle ne sont déjà pas évidents, ici vient se greffer un problème de visa. Amoureux fous, perdant la raison, Anna et Jacob jouent avec le feu. Ils ne veulent pas être séparés, la jeune femme laisse expirer son visa pour s’enfermer dans son monde avec sa moitié. Elle va le payer cher : il lui sera par la suite quasiment impossible de retourner sur le sol américain. Les jeunes amants possédés par la passion deviennent des amants maudits. Ils vont être contraints de grandir chacun de leur côté, d’apprendre subitement à devoir vivre sans cet autre qui représentait tout. Même s’il reste le téléphone, échanger ses joies, ses peines, sans pouvoir se voir, se toucher, va se révéler de plus en plus problématique.

Après la passion possessive, exclusive, la deuxième partie du film fait entrer deux nouveaux personnages dans la danse. Anna et Jacob succombent tous les deux pour des collègues. D’abord simples pansements, les amants « illégitimes » vont finir par occuper de plus en plus de place et contrarier les plans d’amour des deux tourtereaux. Etaient-ils vraiment faits l’un pour l’autre ? Le premier amour, le plus pur, est-il vraiment indestructible ? Ce qui reste entre eux ne serait-ce pas ,déjà, uniquement des souvenirs, des sentiments révolus ? Like Crazy est un film tour à tour lumineux et triste, naïf et amer, plein de souffle et désillusionné. Le récit d’une jeunesse qui passe, de l’évidence qui se mue en doute. Hyper attachant et émouvant.

Film produit en 2011 et disponible en VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3