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aMinus affirme sa touche unique avec « Dumb Bait »
On reconnait tout de suite un morceau d’aMinus quand on l’entend. Aussi bien pour sa voix à la fois agile et pleine de sensibilité que pour ses arrangements entre pop, synth pop et electro. Véritable perle indé, cet artiste berlinois avait déjà signé deux excellents et accrocheurs albums, « Almost and maybe » et « Options » (dispos sur son Bandcamp). Son troisième est sorti fin 2019, s’intitule « Dumb Bait » et s’avère être le plus aventureux de tous.
aMinus étire les pistes, plus longues que d’habitude, et ses chansons se révèlent plus sinueuses, réservant de belles subtilités au fil des écoutes. C’est un disque dans lequel on se perd et qui nous aspire un peu plus à chaque écoute. Il est à la fois dans l’ère du temps par les thématiques qu’il aborde (le narcissisme d’une époque hyper connectée, la quête éternelle de quelqu’un à aimer ou sur qui se reposer, les peines qui en découlent et la fuite vers l’excès entre fêtes et substances) et complètement singulier par son caractère electro-pop home made entre couleurs et ténèbres. Et ces chansons personnelles aux accents queer qui s’étirent se métamorphosent en une sorte de transe musicale, comme une longue virée nocturne se poursuivant jusque très tard le lendemain, nous plongeant de plus en plus dans un état second. C’est beau et complètement obsédant.
Pour ce qui est des meilleurs morceaux, on retiendra l’hymne pop « Dumb Bait » qui donne son titre à l’ensemble, le single « Rio » , la sublime ballade pop « It ain’t Midas Touch » (un des morceaux les plus touchants d’aMinus), et les deux génialement longues pistes « It gets bitter » (définitivement LE morceau de ce disque) et « Silent Joe’s Lullaby ».