FICTIONS LGBT

AU BOUT DU MONDE de Richard Garcia & Raùl Portero : en quête

By  | 

C’est un film atmosphérique qui prend son temps mais sa durée d’à peine 69 minutes fait qu’on accepte bien volontiers la démarche. Au bout du monde (Grimsey en VO) est le portrait atmosphérique et mélancolique d’un homme en quête de celui qu’il aime et qui a mystérieusement disparu du jour au lendemain.

Bruno (Richard Garcia) vit en Espagne et s’inquiète profondément : son compagnon Norberto (Eugenio Sanz) a disparu depuis une semaine. Photographe, il était parti en voyage en Islande mais n’a pas pris l’avion retour prévu. Son téléphone est hors service et personne n’a eu de ses nouvelles. Bruno décide de partir à sa recherche et se retrouve à Reykjavik. Il fait froid, son enquête stagne. Il est aidé par Arnau (Raùl Portero), un gay de son âge, doux et solaire qui tente de le réconforter et décide de le suivre dans son périple.

Alors que les jours défilent, Bruno commence à se poser une question qui fait mal : est-il vraiment arrivé quelque chose de grave à Norberto ou ce dernier cherche-t-il simplement à le fuir ?

au bout du monde grimsey richard garcia

Le scénario est assez élémentaire et c’est un parti pris, le duo de réalisateurs tenant visiblement à nous mettre au plus près de leur personnage principal rongé par la peur et le doute de perdre celui qu’il aime. « Au bout du monde » joue la carte du film lo-fi et intimiste, s’appuyant sur les sensations et les petites choses du quotidien, matérialisant cette douleur sourde propre à quelque chose qui est sur le point de disparaître à jamais.

En opposition aux fêlures intérieures il y a les paysages d’Islande, d’abord observés froidement par Bruno mais qui révèlent petit à petit leur magie alors qu’il entame le processus probable du deuil d’une relation.

Le vrai sujet du film est la crise existentielle qui peut tous un jour nous submerger. Ne plus savoir où l’on en est, une reconstruction nécessaire ou imposée. Devant soi, le vide, la gorge nouée, l’envie de se replier dans son lit. Mais même quand on est au plus bas, la vie peut toujours réserver son lot de surprises. Pour Bernard, c’est la présence discrète et douce à ses côtés d’Arnau, un homme bon qui l’épaule car il trouve là la possibilité de faire lui aussi le deuil d’une histoire passée.

au bout du monde grimsey richard garcia

Cette oeuvre introspective et qu’on devine très personnelle ne plaira sans doute pas à tous de par son rythme singulier et son climat un tantinet dépressif. Mais pour ceux qui aiment les films posés qui font réfléchir sur la vie et la fugacité de l’amour, c’est un beau voyage qui nous est ici proposé.  Avec une petite lumière au bout du chemin.

Film produit en 2018 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen

 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3