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BAAB « Rédactions tranquilles » : un album pop magnifique et ensorcelant

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Dans un océan de sorties musicales, il y a des morceaux qui émergent naturellement et intriguent. J’ai découvert le duo montréalais BAAB avec Travail invisible, une piste pop originale, atmosphérique et sinueuse. Si le titre m’a happé c’est pour son aspect lancinant, un peu étrange, hypnotique quelque part. 

Ma curiosité a été encore un peu plus piquée en découvrant un autre single de BAAB, Moi aussi, qui ouvre par ailleurs leur premier album intitulé Rédactions Tranquilles. On y retrouve le charme de l’indie pop vintage qu’on aime mais avec un je ne sais quoi en plus, d’aventureux et de singulier. Cette pop-là nous égare, nous plonge dans des rêveries, des sensations, des tableaux à la fois charnels et psychédéliques. Les influences se mélangent : il y a de la pop, de la chanson (avec de la grosse voix qui n’a pas peur d’y aller, d’envoyer et de prendre des risques), une touche de trip-hop et BAAB revendique également des affinités pour la lofi house et le jazz. Mettez tout ça dans un shaker, saupoudrez le tout d’un caractère cinématographique et vous obtenez l’album de pop indé le plus intrigant et fort que j’ai pu écouter depuis le début de l’année. 

Dès Moi aussi, le disque de BAAB nous retourne le cerveau, agit comme un trip, stimule. Et bonne surprise : c’est un de ces albums parfaits où rien n’est à jeter et tous les titres sont bons.

C’est presque trop compliqué de distinguer un morceau plus qu’un autre tant ils sont chacun portés par un grand souffle et constituent une petite épopée en soi. Coupables est une splendeur de langueur qui scintille doucement par surprise. Brûlante (qui ,allez je l’avoue, est quand même la chanson que j’ai le plus écoutée en boucle) est une bombe à l’atmosphère ultra charnelle, une fièvre pop qui donne envie de danser au ralenti et de se perdre (avec des paroles un peu froides qui vont joliment à l’opposé de la mélodie chaude). Calamité est un autre trésor down tempo qui nous fait vaciller avec ses belles nappes sonores. Ombres prouve que BAAB est aussi super doué pour les instrumentaux et pourrait sans mal composer une parfaite bande-originale de film. Liquide confirme l’extrême maîtrise de la formation qui tisse des chansons toujours surprenantes et qui peuvent complètement se transformer en cours de route. Ohlala j’ai juste envie d’écrire des pavés sur chacun des morceaux jusqu’au final si doux qu’est Sourire toujours !

Vous l’aurez compris, j’ai eu un gros gros coup de coeur sur cet album. Il a un charme énorme, il nous emmène complètement ailleurs avec une rare sophistication. C’est hyper créatif, original, ensorcelant. J’ai adoré comment BAAB joue ici avec les oppositions de genres musicaux, détourne les codes, les attentes, se situe tout le temps entre le chaud et le froid, s’amuse à brouiller nos repères tout en gardant une forme d’efficacité très pop. Mine de rien c’est très très fort d’arriver à faire tout ça.

On revient à ce disque jusqu’à l’obsession et à chaque nouvelle écoute on y trouve de nouvelles choses qui rendent l’expérience auditive encore plus belle. C’est le premier album que je chronique en 2021 et ça n’est pas un hasard : pour moi c’est le plus parfait, attachant et beau de tous ceux que j’ai pu écouter. Maintenant je rêve de voir ces deux-là en concert un jour en France. 

L’album est dispo sur toutes les plateformes et tu peux aussi l’écouter sur Bandcamp

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3