CINEMA

BAISER MORTEL (A kiss before dying) de Gerd Oswald : prêt à tout pour entrer dans la cour des grands

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Bud (Robert Wagner) est un étudiant beau, intelligent et ambitieux. Issu d’un milieu modeste, il est obsédé par son désir d’appartenir à la haute société. Mais la route semble encore longue avant qu’il ne parvienne à quitter le modeste appartement qu’il partage avec sa mère. Quand sa petite amie Dorothy (Joanne Woodward), dont le père est richissime, lui apprend qu’elle est enceinte, Bud apparait perplexe. Car Dorothy ne souhaite pas demander de l’aide à son paternel et envisage de vivre simplement « d’amour et d’eau fraîche ».

S’il fait mine de bien accepter la nouvelle, proposant de se marier et de l’épauler dans sa grossesse, le jeune homme a plus d’une idée derrière la tête. Convaincu que Dorothy représente un obstacle à son ascension sociale, il orchestre un plan machiavélique pour l’éliminer !

Une fois le plan exécuté, Bud doit éviter d’éveiller le moindre soupçon. La sœur de Dorothy, Ellen (Virginia Leith), mène son enquête et ne lui facilite pas la tâche. La situation est d’autant plus compliquée que Bud sort désormais avec Ellen, qui lui a ouvert les portes de chez elle et l’a présenté à son père, lui laissant entrevoir la possibilité d’une vie luxueuse dont il a toujours rêvé…

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Adaptation d’un roman de Ira Levin (également adapté au début des années 1990 avec au casting Matt Dillon), A Kiss Before Dying (sorti sous des titres divers comme Un baiser avant de mourir ou Baiser mortel) ne manque pas de cachet. Tout d’abord il offre à Robert Wagner un rôle d’ « homme fatal » aussi séduisant que diabolique. On devient complice de ses manigances de plus en plus dérangées et on suit son basculement alors que l’étudiant rêveur cède la place à un psychopathe en puissance. Le côté « thriller en Technicolor » est également séduisant et donne à l’ensemble une drôle d’atmosphère, à la fois cruelle et colorée. Si le montage est bizarrement haché, que certaines scènes semblent expédiées, la mise en scène est plutôt jolie.

C’est le portrait d’un garçon modeste prêt à absolument tout pour fuir sa condition initiale. Le point de vue du réalisateur Gerd Oswald est assez flou, nous amenant à être de connivence avec son anti-héros. Le personnage de Dorothy, victime tragique, est assez plat et on s’amuserait presque de sa naïveté qui la mène peu à peu vers la mort. Les tentatives plus ou moins fructueuses de Bud pour s’en débarrasser assurent un divertissement un brin «plaisir coupable ». Ellen, la sœur, plus charismatique et lucide, se laisse elle aussi prendre dans les filets du séducteur manipulateur. Mais Bud pourrait ne pas avoir commis un crime aussi parfait qu’il ne le pensait…

S’il est élégant et tient en haleine, jouant avec nos basses pulsions, A kiss before dying s’égare parfois à cause d’un scénario en dents de scie, souffre d’une deuxième partie qui patine un peu malgré l’entrée en scène de Virginia Leith. Parfois étonnamment touchant (on aurait presque envie que le méchant s’en sorte et réalise son rêve), parfois grossier (la chute de Dorothy, maladroitement amenée), ce long-métrage « au genre noir mais à l’image colorée » déroute un peu mais mérite un petit coup d’oeil…

Film sorti en 1956 et disponible en DVD 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3