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Clément G. « Moi, j’embrasse » : cicatrices
Ceux qui trainent sur Instagram et sont friands de photos de jolis garçons avaient déjà pu voir passer le compte de Clément G. Suivi par plus de 100 000 personnes, cet ultra bogosse fait rêver garçons et filles avec sa gueule particulière, ses tatouages et son couple trop mignon avec un autre ultra bogosse, Julien Isnardon.
Derrière les photos parfaites se cachent parfois des histoires plus complexes. On a été surpris de découvrir le livre de Clément G. paru aux éditions Plon, « Moi, j’embrasse ». On y apprend que Clément avant de devenir le tatoueur glamour et l’influenceur mannequin tel qu’il est connu aujourd’hui est passé par une bonne série de galères. Il a notamment été escort.
Si la promo du livre s’est plutôt articulée autour du récit du quotidien d’un escort boy, le livre – écrit à la première personne et au style très direct et facile à suivre, en mode témoignage – raconte surtout les cicatrices d’un garçon qui a du mal à savoir où il va.
Mine de rien, Clément G. en a vécu des moments de vie difficiles : une maman qui suite à son accident ne sera plus jamais la même, un passage formateur mais un poil traumatisant dans l’armée où il a été confronté à l’homophobie, une agression homophobe dans la rue…Le livre s’ouvre sur Clément qui est à l’hôpital suite à une overdose dans une soirée huppée. Il raconte ensuite en flashbacks, à travers des fragments de vie et blessures, ce qui l’a conduit à être un de ces addicts qui finissent par jouer avec leur vie.
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Se rêvant en mannequin même s’il n’est pas très grand, Clément galère lorsqu’il passe des castings. Il est aussi handicapé par des problèmes de psoriasis. Ces plaques viennent entacher sa belle gueule et son corps sculpté. Derrière l’image sexy, un garçon qui ne va pas très bien et qui se perd dans une capitale qui n’est pas à la hauteur de ses rêves. Après avoir essayé de gagner sa vie en tant que barman, Clément se laisse tenter par l’argent facile de l’escorting. Il créée un profil sur une célèbre appli gay qui permet à n’importe qui de monnayer ses charmes. Sensible et vulnérable, il est tout de même conscient qu’il plait et ne va pas se brader : son profil affiche des tarifs très élevés et il va plutôt se ranger dans la catégorie des escorts de luxe, qui accompagnent des mecs riches au restaurant et qui se réservent le droit ou non de passer à l’acte.
Le jeune auteur aborde sans trop de détours le quotidien d’un escort : l’euphorie de pouvoir d’un coup se permettre des achats de fringues luxueuses, de ne plus être dans le besoin, de se sentir désiré, de rencontrer des hommes de pouvoir parfois fascinants. Mais forcément tout n’est pas rose : très vite, Clément se perd dans des soirées où la drogue circule beaucoup, se laisse dériver dans le cercle vicieux de l’addiction.
Outre le témoignage émouvant de Clément G., Moi, j’embrasse est le portrait d’une certaine jeunesse montée à Paris, sans repères, des rêves pleins la tête, qui survit comme elle peut. Il est devenu si facile de se prostituer aujourd’hui et on ne peut que comprendre que certains bien gâtés par la nature comme Clément puissent si facilement tomber dans l’engrenage : pourquoi se contenter d’un-demi SMIC en travaillant à mi-temps chez McDo quand on peut se faire 1000 à 3000 euros en une soirée en étant escort de luxe ?
Au vertige de la superficialité et de la marchandisation du corps finira par succéder la lumière. Contrairement à beaucoup de garçons qui sombrent dans la dope, Clément a eu la lucidité et la force de se relever et de dire stop. Il a aussi eu la chance de croiser un « Grand Brun » qui l’a extirpé de son quotidien chaotique et qui a recouvert ses cicatrices d’amour. Un joli témoignage.