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L’enfer des codes de la masculinité dans le film choc « American Male »

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Lauréat d’un concours de courts-métrages lancé par MTV aux Etats-Unis, le film « American Male » de Michael Rohrbaugh est de ceux qui ne laissent pas indifférent. Le réalisateur délivre une réflexion brute, sans concession et universelle sur les codes de masculinité qui peuvent tous nous étouffer à un moment ou un autre.

Que celui qui n’a jamais fait quelque chose pour « agir comme un mec, un vrai » se manifeste. On a tous fait un jour un truc un peu débile pour prouver notre virilité, pour être « respecté » par ses petits camarades. Et de nombreux gays ont pu ou continuent de souffrir de tout un tas d’injonctions (cette éternelle peur « que ça se voit » et qui génère à terme des discriminations et des profils du type « pour mec mec » ou « pas d’efféminés » sur les applications de drague) .

Le film dresse le portrait vertigineux d’un américain bodybuildé et « normé » jusqu’à l’overdose. Tout le long du métrage, en voix off, ce gars aux allures de beauf aligne les clichés sur ce que les filles font et ce que les mecs sont censés faire par opposition. Une multitude de petites choses plus ou moins signifiantes mais qui accumulées finissent par égarer n’importe quel mâle.

Ne pas commander du vin mais de la bière. Préférer le rap à la pop. Choisir des fringues avec des « couleurs de mec ». Préférer les instruments à percussion plutôt que ceux à corde. Pas de mode ou de déco, plutôt la mécanique et les travaux manuels. Ne pas chanter ou danser, faire du sport et parler de sport. A force de se conformer, de vouloir coller aux étiquettes de genre et se fondre dans le moule, on peut se perdre, aller à l’opposé de son instinct et péter un câble. C’est ce qui arrive au protagoniste principal de « American Male ».

Evoluant au coeur d’une atmosphère type fraternité, l’armoire à glace cache ses névroses et picole à n’en plus finir, en en faisant des caisses pour asseoir sa stature de gros bras. Petit à petit, on devine qu’il refoule son homosexualité. La frustration et une intériorisation toxique le transformeront en une bête violente, en roue libre, finissant par prôner une homophobie crasse. Une plongée dure sur « les origines du mal » qui pose les bonnes questions.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3