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CORPO ELÉTRICO (BODY ELECTRIC) de Marcelo Caetano : se perdre à São Paulo

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Premier long-métrage du réalisateur brésilien Marcelo Caetano, Corpo Elétrico (« Body Electric ») est inspiré du poème de Walt Whitman, « I sing the Body Electric ». Et il y a en effet de la poésie dans ce portrait très charnel d’un jeune gay d’une vingtaine d’années dans un São Paulo partagé entre désir, misère sociale et fête.

Le personnage principal, Elias, est interprété par la bombe sexuelle Kelner Macêdo. Un garçon au charme fou, magnétique et sensuel, qui fait sacrément monter la température pendant la séance. Elias est donc beau, troublant, et il en joue. Il navigue d’homme en homme, jouit sans entrave, trouve dans une sexualité libre le moyen de s’évader comme lorsqu’il rejoint ses collègues de boulot le temps de soirées arrosées.

corpo eletrico marcelo caetano

Aux nuits chaudes se succèdent des journées pas forcément évidentes. Travaillant dans une usine de tissu, Elias ne se ménage pas. Il est l’assistant de l’une des dirigeantes et doit veiller au bon fonctionnement de la boite. Exposé aux conditions de travail parfois très limites, il tente de tempérer. Contrairement à ce qu’on lui demande, il tisse une relation amicale avec ceux qu’il supervise. Il craque aussi pour l’un des nouveaux ouvriers, un homme noir fort et mystérieux dont il a du mal à percevoir s’il pourrait être réceptif à ses charmes.

Doté d’une très belle photographie et d’une mise en scène au plus près des peaux, bénéficiant d’un travail sur le son remarquable qui magnifie notamment les passages plus érotiques, « Corpo Elétrico» est une tranche de vie douce-amère pleine de charme. Le scénario repose sur peu de choses, dessine avec délicatesse la trajectoire d’un jeune homme qui entre avec fracas dans la vie d’adulte et voit sa marge de liberté parfois remise en question.

corpo eletrico marcelo caetano

Elias est aussi intense qu’il donne l’impression d’être toujours un peu ailleurs. A ses sourires lumineux se mêlent parfois une forte mélancolie. A son aspect jouisseur s’oppose un besoin d’amour et une peur tue de la solitude. Sans qu’on le voit venir, le film laisse quelque chose d’entêtant. Entre corps à corps et virée sans artifices dans la nuit de São Paulo, un premier long profondément attachant.

Film présenté au Festival Chéries Chéris 2017 // Sortie en salles le 16 mai 2018

  

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3