CRUEL SUMMER saison 1 : un thriller ado délicieusement tordu

By Gaspard Granaud | 22 août 2021

Mêlant de façon habile série adolescente et thriller, Cruel Summer nous replonge au début des années 1990 dans une petite ville du Texas où deux filles contraires vont voir leur destin chamboulé. Mystère et personnages (très) ambigus au programme. Une très bonne surprise. 

3 années distinctes, 3 étés, 3 périodes clés, 3 moments où tout est prêt à basculer. 

Été 1993. Jeanette Turner (Chiara Aurelia) est une jeune ado un peu complexée qui rêve d’être un jour comme Kate Wallis (Olivia Holt), la fille la plus populaire de son école. Belle, riche, blonde et sortant avec le playboy des environs, Jamie Henson (Froy Gutierrez), Kate semble tout avoir pour elle. Jeanette se satisfait pour sa part de ce qu’elle a, savoure le cocon familial avec des parents et un frère aimant. Elle passe son temps libre avec ses deux meilleurs amis, le doux Vince (Allius Barnes) et la quelque peu dirigiste Mallory (Harley Quinn Smith). La rentrée approche et l’école va accueillir un nouveau directeur adjoint, le plutôt jeune et charmant Martin Harris (Blake Lee). 

Été 1994. Jeanette apparait métamorphosée. Exit l’appareil dentaire et le look vestimentaire cachant ses formes. Elle semble mieux dans sa peau et a accédé à tout ce dont elle rêvait : elle est désormais populaire, traîne avec les meilleures amies de Kate (délaissant au passage ses amis de toujours) et sort même avec le beau Jamie ! Elle mène ainsi en quelque sorte la même vie que Kate un an auparavant. On apprend que cette dernière est portée disparue. En son absence, Jeanette a pris sa place. Mais voilà que les news annoncent que Kate a été retrouvée. Elle aurait été séquestrée pendant une année par le directeur adjoint de l’école, Martin Harris, retrouvé mort. 

Été 1995. Cheveux courts et teint blafard, Jeanette apparait comme détruite. Tout a à nouveau basculé pour elle quand lors d’un show télévisé Kate a révélé que Jeanette l’aurait aperçue alors qu’elle était prisonnière de Martin Harris et qu’elle aurait délibérément fait le choix de ne pas lui venir en aide pour pouvoir continuer à « lui voler sa vie ». Le scandale détruit la réputation de Jeanette qui devient une véritable paria. Il empiète aussi sur le quotidien de ses parents et de son frère. Chaque nouveau jour ressemble à un cauchemar. Jeanette clame pourtant que Kate ment. Cette dernière essaie pour sa part de reprendre une vie à peu près normale mais après le traumatisme de son enfermement rien ne sera plus jamais vraiment comme avant. 

Kate a-t-elle vraiment dit la vérité ? Le doute persiste et au fil des épisodes nous allons découvrir que tous les personnages ont des choses à cacher et que la vérité est bien plus complexe et sombre que ce que chacun ne voudrait le laisser penser… 

Reprenant les codes habituels de la série adolescente, Cruel Summer s’articule autour du fantasme de tout teenager d’accéder au statut d’élève populaire. Être dans la lumière, cool, apprécié, aimé : Jeanette en rêve mais pense ne jamais y arriver. Et pourtant ce statut ne garantit pas le bonheur, comme on le découvrira progressivement. Kate semble tout avoir sur le papier mais dans le silence elle cache un certain mal-être. Elle ne se sent pas à sa place, a parfois des problèmes de discernement et souffre de sa relation compliquée avec sa mère, une peau de vache qui essaie tout le temps de lui dicter sa conduite et qui ne vit que pour les apparences.

Une brune et une blonde, deux personnalités à priori opposées, deux filles qui rêvent chacune de ce que l’autre a en quelque sorte. L’effet miroir va petit à petit révéler leurs failles, leur complexité, ce qu’il y a de plus sombre en elles. 

Le show délaisse très vite le soap adolescent pour basculer dans un pur thriller, qui joue en parallèle la carte de la nostalgie des années 1990 avec un travail de reconstitution méticuleux et une bande-originale parfaitement élaborée. Si Cruel Summer s’avère être une très bonne surprise, c’est avant tout pour son écriture et sa gestion du suspense : il y a beaucoup de mystère, de questionnements et de retournements de situation jusqu’au bout de cette saison qui se suffit à elle-même. Mais surtout, la série témoigne d’une rare noirceur pour une production mettant en scène des adolescents, se révélant par moments très retorse, malsaine, perverse. A l’exception de quelques personnages (le papa poule trop mignon de Jeanette campé par le sexy Michael Landes  et le personnage gay de Vince), la majorité des protagonistes ont un rapport très flou avec la notion de vérité. Chacun a envie de voir, de croire et/ou de montrer ce qui l’arrange bien et n’hésite pas à mettre en péril les autres pour suivre ses propres rêves ou pulsions. Un thriller vintage très bien ficelé et qui fait souvent froid dans le dos. 

Série sortie en 2021 en France sur Amazon Prime