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Don’t trust the bitch in Apartment 23, saison 1 : colocataires pour le meilleur et pour le pire
June (Dreama Walker) quitte sa campagne natale pour débarquer en ville. Un appartement et un travail de rêve l’attendent, sa relation avec son petit copain (le même depuis le lyçée) est au beau fixe…Et en une journée, tout s’effondre : sa boîte fait faillite et l’appartement dont elle disposait est saisi. En rade, June cherche non sans mal une colocation. Elle finit par emménager chez l’avenante Chloe (Krysten Ritter). Mais à peine a-t-elle défait ses cartons qu’une voisine de palier la prévient : « Don’t trust the bitch in Apartment 23 ». Et en effet, June ferait bien de se méfier. Le soir de son anniversaire, elle surprend son petit ami en train de prendre Chloe sur son gâteau d’anniversaire. Plutôt que de s’excuser, Chloe se targue d’être une bonne amie, ayant démontré à sa nouvelle colocataire que son compagnon ne la méritait pas. Petit à petit, les deux jeunes femmes vont devenir amies. Pour le meilleur et pour le pire…
Don’t trust the bitch in Apartment 23 (Apartment 23 tout court pour les intimes) est une sitcom plutôt culottée pour un grand network américain. La série se plait en effet à jouer la carte d’une douce immoralité, l’héroïne Chloe tentant par exemple de rencarder son père avec sa jeune colocataire pour lui permettre de fuir une mère handicapée et barbante. Humoir noir, absurde, s’amusant des limites de chacun, le show est à la fois très mignon et transgressif et doit beaucoup à son actrice principale, la très charismatique Krysten Ritter. L’opposition entre Chloe, la fille de la ville, cynique, oisive, superficielle et June, la fille de la campagne, intègre, responsable, un peu psychorigide, coincée, donne lieu à des échanges savoureux.
Les protagonistes d’Apartment 23 ont à la base tout pour être antipathiques. Chloe est too much, June est trop sérieuse, la voisine obsessionnelle fait peine à voir, le voisin pervers d’en face est à pleurer, James Van Der Beek est un has been à l’égo surdimensionné… Et pourtant, quelques répliques bien vues, quelques scènes tordantes suffisent à rendre tout ce petit monde excentrique proche de nous, drôle, terriblement attachant. Il faut vraiment mentionner le talent des scénaristes qui parviennent à rendre mignonnes, douces, réalistes les situations les plus tendancieuses ou improbables.
A l’image de l’excellent second rôle tenu par James Van Der Beek (jouant une version déformée de lui-même, incapable de se débarrasser de son image de Dawson) , le show mise sur la surenchère, n’a pas peur du ridicule et c’est ce qui le rend si jouissif. Dans une société chaotique avec la crise en toile de fond, chaque personnage finit par laisser s’exprimer sa petite folie et le résultat est une comédie rafraîchissante, loin du formatage habituel du genre. La saison 1 ne comptant que 7 épisodes, il faudra toutefois attendre la deuxième pour juger véritablement de la capacité des auteurs à tenir la distance et à développer habilement les personnages hauts en couleurs qu’ils ont su poser. Impatience…
Série diffusée aux Etats-Unis en 2012