CINEMA

ET DIEU CRÉA … LA FEMME de Roger Vadim : insaisissable Bardot

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Juliette (Brigitte Bardot) a été abandonnée dès son plus jeune âge et a été adoptée par une famille résidant à Saint Tropez. Sous le soleil de la ville, cette jolie blonde a bien grandi. La voilà, affichant une jeune majorité et devenant la cible numéro un des mâles du coin. Il y a Monsieur Carradine (Curd Jürgens), un riche homme d’affaires qui admire sa jeunesse et sa frivolité. Il y a également Antoine Tardieu (Christian Marquand) qui avec ses allures de prince charmant semble être l’homme qu’il lui faut, plein de belles promesses. Et puis il y a le secret Michel (Jean-Louis Trintignant), le frère d’Antoine, qui l’observe sans rien oser dire. Juliette a envie d’aimer mais pour cela elle a besoin d’un homme qui dompte son caractère. Elle va ainsi tomber rapidement amoureuse d’Antoine avant de se laisser consoler par Michel, tout ça devant le vieux Monsieur Caradine, voyeur impuissant…

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Tourné dans les années 1970, Et Dieu créa … la femme a le charme des comédies des années 1950 et révèle définitivement Brigitte Bardot. La blonde iconique symbolise la jeunesse, la liberté, la femme sensuelle dans toute sa splendeur. Roger Vadim (son mari à l’époque) dresse le portrait d’une femme enfant incomprise par les autres car elle n’en fait qu’à sa tête et se fiche pas mal des conventions. Juliette rêve d’un monde où l’on ne ferait que danser, un monde où tout serait possible sans tromperies et sans reproches. Elle est sauvage, insaisissable et c’est bien cela qui frustre tous les hommes.

La possession est un des thèmes principaux de ce long-métrage. Juliette aimerait bénéficier de l’amour d’Antoine mais il ne lui donnera jamais rien de plus que du sexe; Michel veut rapidement épouser Juliette car cela lui donnerait l’impression qu’elle lui appartient et que , la bague au doigt, elle le tromperait moins facilement; le riche Carradine possède tout ce qu’il peut acheter mais est impuissant face à l’amour. Enfin, pendant tout le film, on suit l’affaire du rachat du terrain des frères Tardieu. Ces derniers ont du mal à le vendre car ils auraient l’impression de perdre une part de leur liberté. La liberté est ainsi elle aussi au coeur du film, Juliette n’étant pas totalement libre (lorsqu’elle se conduit mal avec ses parents adoptifs, ils menacent de la renvoyer en pension, elle n’a pas le droit de décider / elle pourra aussi se sentir prisonnière de Michel une fois mariée à lui / elle est enfin complètement prisonnière de ses désirs qu’elle tente difficilement de réfréner).

Et Dieu créa…la femme parle enfin, comme son titre l’indique, de cette figure fantasmatique et insaisissable que représente parfois la femme pour les hommes et comment elle peut complètement les faire vaciller. Resté dans les mémoires de bien des cinéphiles, ce chef d’oeuvre de la comédie romantique, faux film léger, bénéficie de très beaux plans et de scènes cultes à l’image de celle où Bardot se déhanche comme une folle sur des rythmes africains. Elle en oublie tout : les hommes, le regard des autres, la vie. Divertissant, musical, ensoleillé : un monument du cinéma français, au charme indémodable.

Film sorti en 1976. Disponible en DVD et VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3