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Heterotic (feat. Vezelay), Weird Drift : labyrinthe de beauté

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Lara Rix-Martin et Mike Paradinas forment le couple fondateur du très recommandable label Planet Mu. La musique, ils ne font pas que la soutenir, ils en créent aussi à travers notamment le projet Heterotic. Le deuxième album de cette formation mystérieuse, Weird Drift, qui emprunte à une multitude de genres pour nous plonger dans une atmosphère dans laquelle on se perd avec délice nous réserve une belle surprise : la signature vocale, sur la majorité des morceaux, du français Matthieu Le Berre alias Vezelay. L’EP de ce dernier, Lyre, paru en 2011 (chez Planet Mu) avait été une magnifique révélation. Mais depuis, pas une nouvelle. On commençait à se dire que Vezelay ne reviendrait jamais et c’était sacrément dommage tant Lyre avait pu toucher, bouleverser même. Retrouvailles inespérées avec cet LP qui nous invite à nous perdre au cœur de pistes sinueuses, libres. Ouverture sur l’instrumental Self-Importance, électro noire, quasi-mystique, annonçant la couleur d’un trip sensible, joueur et mélancolique. Suit le superbe single Rain où l’on retrouve donc la voix haut perchée de Vezelay. La pluie qui tombe ici a quelque chose d’étonnamment doux, d’apaisant. C’est beau, subtil, donnant instantanément envie de faire des câlins alors que tout ne va pas forcément très bien.

La filiation que l’on avait pu trouvé au moment de Lyre entre Vezelay et Active Child nous resaute au visage à l’écoute de l’enivrant et à vif Boxes. Heterotic comblera à n’en pas douter les amateurs de trip hop avec le labyrinthe sonore qu’est Lumber, le radieux Florence ou, deuxième gros coup de cœur du disque, le touché par la grâce Shoe soul, qui travaille au corps et imprime dans nos têtes de délicates et évanescentes images. Si la voix de Vezelay alliée aux expérimentations émotionnelles de Heterotic fait des merveilles, les titres instrumentaux, au fil des écoutes, génèrent aussi fascination et obsession. Du rêveur Liverpool au tortueux Foghorn en passant par l’euphorisant entre-deux Sultana, on a l’impression de sauter d’un nuage à l’autre. On ressort de Weird Drift légers, reposés, avec le sourire. C’est un disque qui se mérite peut-être mais qui fait aussi et surtout partie de ceux qui gagnent en intensité, tout en cultivant le mystère, à chaque écoute.

A l’heure de l’écriture de ces lignes, l’album peut s’écouter ici.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3