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Contre l’homophobie, un bisou gay en forme de prière dans le métro parisien

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Ce n’est hélas pas un scoop : l’homophobie perdure, à différentes échelles, dans les villes et dans les villages, en France et partout dans le monde.

Choqué et attristé par plusieurs agressions homophobes récentes au Brésil, son pays natal, l’artiste et performer Biño Sauitzvy a voulu faire une « action », intitulée « Prière », avec son camarade comédien Thomas Laroppe. Sous l’objectif de la plasticienne Lika Guillemot, ils se sont embrassés dans des stations du métro parisien portant la mention « Saint ».

Les clichés ont été partagés sur Facebook, accompagnés d’un texte émouvant qui invite à réfléchir et que voici :

« Le 26 décembre, le lendemain du Noël (naissance de Jesus Christ), le vendeur ambulant Luis Carlos Ruas, 54 ans, connu par le surnom d’Indien (Indio, comme on appelle le peuple natif du Brésil qui soufre et est victime d’un lent génocide), s’est fait agresser à mort par deux jeunes hommes appartenant à un groupe d’intolérance homophobe. La cause : Indio a pris la défense d’un travesti qui était en train de se faire agresser par ces deux jeunes hommes. Le meurtre a eu lieu dans la station de métro Pedro II à Sao Paulo (Saint Paul en français), Brésil. 

Dans la vidéo diffusée par la police, celle de la caméra de surveillance, nous voyons l’agression et aucune intervention des passants, malgré leurs regards et attention vers le fait. On questionne la raison de la non intervention de la surveillance/police (puisque l’acte a eu une durée conséquente, montrée par la même vidéo) Où se trouve la police au moment où il faut ? La police peut-elle être toujours présente au moment des agressions ? Y avait-il quelqu’un derrière la caméra ? Ou personne, comme bien souvent ? Qui peut nous défendre alors ? 

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Pour cela nous faisons une prière. Nous prions tous les saints des stations de métro à Paris (au moins celles qui invoquent leur noms), à la justice divine, pour faire justice ici et maintenant, car la justice des hommes ne fonctionne pas.

Les saints ne sont-ils pas des hommes ? Distingués certes par certaines religions, donc par d’autres hommes ? Luis Carlos, Indio, n’est-il pas un saint ? 

Contre la violence qu’on essaye de nous imposer, nous agissons, à notre manière, par un geste d’amour, humain et divin à la fois, un baiser, simple, (et puissant car porteur d’une énergie vitale contre celle meurtrière) pour transformer l’horreur que l’on essaye de nous faire subir. 

S’agit-il d’une prière que nous nous faisons à nous même ? Pour nous même ? Le divin en nous ? Les saints sont-ils des représentants des divinités ? Qu’est ce que cela veut dire lorsqu’on s’adresse aux saints du métro qui renvoient à la religion catholique, justement pas très ouverte et très tolérante sur la question de l’autre et de l’homosexualité ? Y a-t-il de l’amour, sous toutes ses formes et possibles, dans toutes les manifestations religieuses ? Quand s’effectue la distinction entre la religion et la croyance ? Est-ce l’exercice du pouvoir des uns sur les autres qui effectue cette séparation ? Qu’est ce que la prière ? Prier est-ce penser ? La Prière arrive -t-elle au moment ou l’on est face à l’impensable ? Quand penser ou comprendre un événement est impossible, ne reste-t-il plus qu’à prier ? L’acte artistique est-il une prière ?

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Cette performance part d’un exemple spécifique déclencheur, concret, (comme autant d’autres que nous voyons tous les jours). Néanmoins, elle ne veut pas se restreindre à ce fait : elle parle et prie d’arrêter toutes les violences et actes imposés auxquels nous sommes victimes actuellement et depuis longtemps. Et alors, nous c’est qui ? Qui est la victime ? La communauté gay ? Les minorités ? Les singularités ? Les différents ? Et les bourreaux ? Autant de réponses possibles..

Trois jours plus tard, le 29 décembre, toujours à Sao Paulo, une mère (Tatiana Lozano Pereira, 33 ans), a étranglé et égorgé son fils de 17 ans (Itaberli Lozano) car il était homosexuel. Elle et son mari, le beau-père du jeune homme, ont ensuite amené le corps dans un terrain abandonné et l’ont brulé.

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Nous prions contre l’horreur sous toutes ses formes, contre l’intolérable. Nous prions contre la folie destructrice qui essaie d’effacer l’altérité. Nous prions pour Indio, pour Itaberli, pour toutes les autres victimes des atrocités humaines, pour nous, nous prions ! »

A noter : Biño Sauitzvy et Thomas Laroppe ont tous les deux collaborés à des oeuvres du cinéaste Antony Hickling dont le nouveau long-métrage, « Where horses go to die » sera visible à Paris dès le 18 janvier.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3