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Hundred Waters, The moon rang like a bell : grâce des écarts
Leur premier album éponyme était un véritable trésor caché, espérons que ce second opus permettra aux américains de Hundred Waters d’élargir leur public éclairé. Le disque s’appelle The Moon rang like a bell et comme son titre peut le laisser deviner c’est à un voyage très poétique auquel nous sommes ici invités. La presse parle de « musique folk digitale » ou de « pop du futur », une façon de pointer le caractère délicatement inclassable de cette formation qui sait faire surgir les émotions les plus profondes avec des mélodies à la fois puissantes et joliment labyrinthiques. Introduction brève et dépouillée avec Show me love, nous rappelant si besoin était à quel point la voix de la chanteuse Nicole Miglis est magnifique et apte à accompagner les nuances les plus tortueuses. Puis se déploie Murmurs, somptueuse et intense ballade, aux sonorités contradictoires et gracieuses. Le frisson est immédiat, la maîtrise de l’ensemble laisse pantois. Davantage dans la mouvance actuelle, l’élégant Cavity (choisi comme premier single) nous emporte dans un univers embrumé où les fantômes trip hop ne sont jamais très loin. Lui succède deux des pistes les plus fortes et étourdissantes de la galette : Out Alee et Innocent. C’est d’un tel raffinement et d’une telle beauté qu’on en émerge sans trop bien savoir où l’on est, complètement sous le charme de cette voix qui joue au grand écart et de ces mélodies qui partent dans tous les sens, retombant toujours sur leur pied avec une classe incroyable. Et il y a toujours chez Hundred Waters cette faculté et ce plaisir de raconter des histoires, avec une passion palpable à chaque note (l’emballement dans l’obscurité de Broken Blue, la ligne claire et envoûtante de Seven White Horses…). Inspiré et inspirant, bouleversant dans ses plus belles envolées aussi.