CINEMA

IN THE FADE de Fatih Akin : Diane Kruger dans un film sur la vengeance sans concession

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Que ce soit lors de sa présentation à Cannes ou au moment de sa sortie en salles, « In the Fade » n’a pas manqué de diviser presse et public. La tendance reste positive et ce nouveau long-métrage de Fatih Akin a comme arme le Prix d’interprétation féminine cannois décerné à Diane Kruger. Cela n’empêchera pas les réactions vives face à un de ces films coups de poing qui peuvent déranger par certains aspects.

Le canevas est aussi sombre que basique : Katja (Diane Kruger) est une femme apaisée et amoureuse de son mari Nuri (Numan Acar), un homme d’origine turc qu’elle a toujours soutenu même dans les épreuves les plus difficiles. En effet, cet homme n’a pas un passé des plus évidents, ayant été en prison pour traffic de stupéfiants. Elle a cru en lui, il s’est ressaisi, a monté une boîte « normale », s’est rangé et ils ont élevé ensemble un petit garçon, Rocco. Mais leur bonheur éclate littéralement alors que Nuri et Rocco sont victimes d’un attentat à la bombe.

Dévastée, Katja ne trouve plus goût à rien et ne croit plus en la vie. Il semblerait que l’attaque ait été préméditée. Le jour du drame, Katja avait aperçu une femme suspecte abandonnant un vélo. Elle songe à ce que cette dernière soit une nazie qui voulait nuire aux siens. Mais la Police n’est pas en mesure de lui donner une réponse. Alors qu’elle est sur le point de se suicider, la veuve reçoit l’appel de son avocat et ami Danilo (Denis Moschitto). Il lui confirme ses soupçons : la femme au vélo a été retrouvée et elle aurait agit main dans la main avec son compagnon, nazi comme elle. Dès lors, Katja décide de revenir à la vie dans l’unique but d’obtenir justice et vengeance.

Le moins qu’on puisse dire c’est que Fatih Akin ne nous épargne rien. La majeure partie de son film dispose d’une esthétique archi brute, désespérée comme un jour de pluie, renvoyant un peu à un certain cliché du cinéma allemand que certains peuvent avoir. C’est gris, triste pour ne pas dire poisseux par moments. Que le spectateur le veuille ou non, il se prend en pleine poire toute la détresse et la douleur de l’héroïne. On ressent physiquement le tourment infini qui gagne Katja. Elle a beau essayer de s’anesthésier en prenant des drogues, l’horreur de sa nouvelle vie sans ceux qu’elle aime est insoutenable.

in the fade fatih akin

Traitant dans un premier temps de façon pathos, rentre dedans et au final émouvante, de la perte d’une amoureuse et d’une mère, « In the Fade » se transforme ensuite en « film de tribunal ». En général au cinéma les passages aux tribunaux sont souvent ennuyeux ou mal gérés. Ici le procès est particulièrement haletant, à vif, car le réalisateur fait des deux nazis deux horribles méchants qui n’ont que leur haine des personnes étrangères comme mobile. La confrontation entre eux, insolents et fiers de ce qu’ils ont accompli, et une Katja rongée par la colère est forcément terriblement tendue et électrique.

Sans trop en révéler, le long-métrage s’achève par un troisième acte désespéré, jusqu’au boutiste et pulsionnel, qui peut susciter le malaise de par ce qu’il évoque politiquement et/ou moralement.

On peut ne pas adhérer au propos (notamment à un carton de fin malvenu qui laisse peu de place au doute sur le positionnement du cinéaste), être choqué, dérangé mais il faut admettre que « In the Fade » constitue une réelle proposition de cinéma « rentre dedans », sanguine, habitée, qui ne lâche pas le spectateur jusqu’à la dernière minute et l’amène à s’interroger et à débattre à l’issue de la projection. Cette variation sur la loi du Talion prend aux tripes et peut compter sur Diane Kruger qui donne tout, plongeant sans filet dans la peau d’un personnage aux plaies à vif.

Film sorti le 17 janvier 2017 

LE CRUSH DU FILM

Ce n’est évidemment pas un « film à fantasmes » mais on a quand même eu un petit béguin pour Denis Moschitto qui incarne l’avocat et ami du personnage principal. Très charmant dans ses petites tenues chics avec un visage un peu « Droopy chou ». Il apporte au film une dose de tendresse, de raison et de calme au coeur de la tourmente.

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Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3