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John Maus, We must become the pitiless censors of ourselves : torrent onirique

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Il y a un an, la presse s’enthousiasmait face à l’album d’Ariel Pink. Un joyeux bordel sonore, ravageur, fantomatique, hors temps. Ceux qui avaient craqué pour cet artiste peuvent foncer les yeux fermés (et les oreilles bien ouvertes) sur le troisième album de John MausWe must become the pitiless censors of ourselves. Un titre particulièrement long pour un jeune artiste américain qui ne donne jamais dans la facilité et qui s’avère être un ami…d’Ariel Pink. Entre claviers scintillants (Streetlight) et morceaux aux allures de post-punk (Quantum Leap) , ce nouvel opus s’ouvre avec des références particulièrement bien digérées, éclectiques et propices à toutes les échapées. Tout se croise dans un hypnotique torrent musical.

Premier gros coup de cœur : …And the rain. La fureur se mêle à des cœurs sirupeux puis divins pour presque trois minutes d’extase. On resterait des heures sous cette pluie. Puis surgit Hey moon, reprise d’un cantique, qui va parfaitement avec la pochette du disque, son phare triomphal au milieu de l’enivrante obscurité. C’est le moment de rêver, d’implorer l’invisible et l’intouchable. L’inaccessible dans la nuit bleue s’offre un bref instant et on reste songeur. Mais attention à ne pas faire du sur place : Keep pushing on se dévoile et réunit le passé et le présent, joue la carte de la confusion où les voix d’outre-tombe goûtent à des délices synthétiques. Ivresse trompeuse, mélodie curieusement entêtante, joueuse. On danse tête baissée maintenant, en espérant qu’au-dessus de nous les nappes lumineuses nous entraîneront vers le meilleur.

Voyage sinueux, à la croisée des genres, des époques, des courants, We must become the pitiless censors of ourselves , recquiert un abandon. Perdez-vous entre poésie et ironie, entre maîtrise et délires foutraques. Reprenez en cœur le jouissif Head for the country ou laissez-vous entrainer vers les ténèbres main dans la main avec un Cop Killer…Beaucoup d’inspiration et de magie, un côté primaire, fou, qui allié à une énorme sensibilité ne peut que faire chavirer : cet OVNI estival a tout pour obséder. Site de John Maus.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3