FICTIONS LGBT
KNOCK AT THE CABIN de M. Night Shyamalan : doutes
M. Night Shyamalan revient avec un long-métrage plus intimiste avec Knock at the cabin. Suspense et fantastique sont à nouveau au rendez-vous ainsi que pour la première fois dans sa filmographie un couple gay en tête d’affiche.
Eric (Jonathan Groff) et Andrew (Ben Aldridge) partent passer des vacances dans un chalet au coeur d’une forêt isolée accompagnés de leur petite fille Wen (Kristen Cui). Alors que cette dernière s’amuse à collecter des insectes non loin de la maison, elle est abordée par un inconnu. Un grand gaillard très impressionnant qui se présente sous le nom de Leonard (Dave Bautista). Il dit vouloir être son ami, ça ne sent pas bon du tout et Wen hésite entre continuer à lui parler ou fuir. L’homme sait trouver les bons mots pour la rassurer mais finit par révéler qu’il va devoir faire quelque chose de terrible. Effrayée, Wen retourne vite chez elle.
C’est alors que ça toque à la porte. Leonard et plusieurs amis à lui demandent à Eric et Andrew de leur ouvrir pour avoir une conversation. Ayant déjà été confrontés à plusieurs vagues d’homophobie par le passé, le couple est bien évidemment sur ses gardes. Mais ils ne font pas le poids face à ces étrangers en avantage numérique et armés. Qu’ils le veuillent ou non ils vont réussir à entrer dans le chalet.
La petite famille se retrouve captive et terrorisée par ce groupe qui a tout l’air d’une bande de dangereux illuminés. Ils annoncent que l’apocalypse est en marche et que la seule façon d’y échapper repose sur un sacrifice que devrait faire le couple…
Contrairement à la plupart des oeuvres de son auteur, Knock at the cabin ne repose pas sur un twist qui va renverser les spectateurs. De quoi en décevoir peut-être certains car ce long-métrage repose plus sur une trame intime et un suspense psychologique. S’il n’est pas exempt de défauts et de lourdeurs (on retrouve la thématique / obsession de Shyamalan sur la foi et la religion), l’ensemble remporte ici l’adhésion grâce à une mise en scène diablement efficace et une tension qui n’en finit pas de monter.
Qui sont vraiment ces inconnus ? Sont-ils juste des homophobes complètement fêlés ou devrait-on vraiment croire à ce qu’ils racontent ? Le réalisateur joue à la perfection avec ce doute et le spectateur est confronté à son propre ressenti face à la situation: qu’aurions-nous fait à leur place ? Peut-on faire croire n’importe quoi à n’importe qui sous la pression et avec un sens de la manipulation aiguisé ? Faut-il parfois admettre qu’à un moment les choses peuvent nous dépasser et le réel basculer violemment vers quelque chose que l’on n’aurait jamais pu imaginer ?
Si Andrew tient à rester terre à terre et essaie tant bien que mal de trouver des solutions pour s’échapper, son compagnon – qui a reçu un coup à la tête – a quelques hésitations. En flashbacks, nous découvrons l’amour qui lie ces deux papas gays et les rudes obstacles liés à l’homophobie qu’ils ont dû affronter ensemble.
Indéniablement, la finesse de l’interprétation est l’atout majeur de ce film inquiétant et sans temps mort. Dave Bautista est parfait, tout en nuances, et la petite famille tenue par les comédiens Jonathan Groff et Ben Aldridge touche droit au coeur. Outre la qualité du projet, on ne cache pas notre joie de voir un thriller teinté de SF mainstream signé d’un auteur prestigieux mettant en scène des papas homos de façon tout à fait évidente.
Film sorti le 1er février 2023