CINEMA

LA BELLE ET LA BÊTE de Jean Cocteau : magie intemporelle

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La Belle et la Bête c’est l’histoire d’un père de famille qui ferait tout pour ses trois filles. Si Félicie et Adélaide rêvent de bourgeoisie, la petite Belle (Josette Day) n’a pas de grandes ambitions. Lorsque son père lui demande ce qu’elle veut qu’il lui ramène de son voyage , elle ne demande qu’une modeste rose. L’homme va faire en sorte de réaliser son souhait mais va cueillir la rose tant désirée au mauvais endroit. Il la cueille dans le grand jardin de la demeure de la Bête. Outré par cet acte, la Bête lui annonce que pour payer, il va devoir céder sa vie…à moins qu’il n’envoie une de ses filles, prête à se sacrifier pour lui.

Parmi les 3 soeurs, seule Belle se dévoue et partira spontanément vers le royaume effrayant et mystérieux de la Bête. D’abord apeurée, la douce demoiselle va rapidement se prendre d’affection pour cette créature étrange qui semble être tombé amoureuse d’elle. Mais alors que des liens se créent, le père de Belle est au plus mal, cloué au lit. Belle demande à la Bête de la laisser partir une semaine…le début des ennuis.

Dès l’ouverture du film, Jean Cocteau nous demande d’essayer de croire en cette histoire improbable, à l’univers qu’il a créé pour ce conte. Il n’est pas toujours évident de retrouver son âme d’enfant pour un film. Ici, très vite , la fascination prend le dessus sur tout.Le réalisateur a créé un univers magique qui nous aide à entrer rapidement dans l’histoire. Et même si on la connait, on a l’impression de la voir se réinventer devant nous, comme par miracle. Le royaume de la Bête reste, à mon sens, l’un des plus beaux décors du cinéma avec ses statuettes qui prennent vie et ses bras chandeliers. Des plans aux allures de grands tableaux.

A l’intrigue assez simple se colle tout un tas de symboles, notamment phalliques. Belle ère dans les couloirs à la recherche du désir et d’elle même. La forêt nous hypnotise tandis que les acteurs brillent comme jamais. Tous sont parfaits et parviennent à nous émouvoir ou nous faire rire (c’est le cas de ces deux soeurs vaniteuses et stupides). Chapeau bas en particulier à Jean Marais qui joue pas moins de trois rôles dans le film et qui parvient à humaniser la Bête dès les premières minutes où elle apparait. Derrière ce déguisement, on sent un véritable jeu d’acteur et on comprend même pourquoi la Belle craque pour cet étrange personnage. Poétique, surréaliste parfois, La Belle et la Bête est un spectacle qui n’a pas vieilli et qui continue de nous faire rêver, nous permet de nous envoler vers la magie du cinéma à l’image de son dernier plan aérien et incroyablement romantique.

Film sorti en 1946 et disponible en VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3