FICTIONS LGBT

LA CHAMBRE DE LÉO d’Enrique Buchichio : réconfort

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Léo (Martin Rodriguez) est un étudiant quelque peu largué. Il sort depuis six mois avec une fille avec laquelle il n’arrive pas à coucher. Cette dernière finit par rompre après lui avoir conseillé de commencer une thérapie. Léo va donc tenter de se confier à un professionnel. Mais il est plein de blocages. Son désir va vers les garçons mais comment trouver quelqu’un qui lui corresponde ? Il fait quelques rencontres par Internet : déception face à quelqu’un qui ne lui plait pas physiquement, malaise face à un homme qui veut juste du sexe et refuse d’embrasser puis un coup de cœur pour Seba, un jeune homme de l’Uruguay qui cherche simplement une belle histoire. Un jour, notre gay honteux croise au supermarché une fille qu’il croit reconnaître. Il s’agit de Caro (Cecilia Cosero),avec qui il était à l’école primaire. Dans la chambre de Léo, ils refont connaissance, partagent des moments hors du temps. Caro semble cacher quelque chose, elle est en dépression. Léo s’inquiète, tente de l’aider, en même temps qu’il cherche sa propre voie au cœur d’un automne aussi magique que mélancolique…

la chambre de léo film

Enrique Buchichio a beaucoup de talent. Il parvient à transformer un film de coming out en une œuvre très émouvante sur le spleen automnal et l’errance d’une jeunesse hyper sensible, paralysée par ses doutes et ses peurs. Musique pop-folk (plusieurs titres de Cocoon), couleurs de saison, atmosphère intimiste : La chambre de Léo (Leo’s Room en VO)  mise beaucoup sur le charme et l’ambiance et finit largement par emporter le spectateur dans un univers aussi personnel qu’universel.

La peur d’une première rencontre par Internet, la difficulté à gérer un premier amour qui se profile ou à affronter les fantômes du passé, le bonheur simple et précieux d’un moment partagé dans une chambre à écouter de la musique entre amis…D’une infinie délicatesse, le projet émeut souvent et nous ramène à une naïveté, une pureté, qu’il est nécessaire de ne pas oublier.

Le charme ravageur et la grâce en retenue de Martin Rodriguez dans le rôle principal rendent l’ensemble encore plus attachant. Une timidité presque maladive, une démarche maladroite, le regard rêveur, il apparaît comme une sorte de paralysé des sentiments qui tente d’avancer tant bien que mal face à la complexité des émotions qui le gagnent. On le sait : le chemin vers l’affirmation de soi peut-être long et périlleux. Plutôt que de tout miser sur le coming out, le réalisateur préfère mettre en place une très belle histoire d’amitié. Où comment un garçon et une fille perdus vont se réconforter à demi-mots, essayer de se (re)trouver pour grandir , aller de l’avant. Subtile, telle une caresse, cette œuvre modeste touche en plein cœur.

Film produit en 2009 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3