CINEMA

LA FORME DE L’EAU de Guillermo del Toro : un amour différent sublimé

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Encensé par la critique, multi-primé, « La forme de l’eau » est l’un des films événements de ce début d’année et bonne nouvelle : il ne déçoit pas ! Guillermo del Toro signe là une oeuvre universelle sur un amour hors norme.

Elisa (sublime Sally Hawkins) est muette. Elle mène une vie simple, se fond dans la foule. Elle partage son appartement avec son meilleur ami, un vieil homosexuel qui en pince pour le vendeur de tartes du coin. Le quotidien de cette femme discrète bascule quand sur son lieu de travail, un laboratoire secret où elle effectue des ménages, elle entrevoit une étrange créature. Enfermée, sujet à bien des interrogations et peurs, ce monstre marin est étudié et annoncé comme dangereux. Fascinée, Elisa se débrouille pour se rapprocher de la bête et découvre qu’elle est loin d’être aussi primitive que ce que les experts ne veulent le laisser penser.

Le temps de rencontres furtives, Elsa et la créature créent un dialogue, échangent et finissent par tisser un lien unique. Comprenant que son nouvel ami est menacé, Elisa va tout mettre en oeuvre pour le sauver, jusqu’à organiser son évasion et l’accueillir chez elle.

la forme de l'eau guillermo del toro

Guillermo del Toro signe ici un curieux mélange entre « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » (univers visuel riche et vintage, petite musique douce, fantaisie des seconds rôles et un ensemble joliment iréel) et « E.T. » (l’attachement total à une créature venue d’ailleurs, la beauté d’un lien face à la violence et l’incompréhension du monde). On pouvait redouter que cela tombe dans le niais mais « La forme de l’eau » devient bien un conte très émouvant et réussit avec brio à contourner les clichés évidents qui pouvaient l’accompagner.

Le casting aide bien : Sally Hawkins est une boule de sensibilité et son personnage est magnifique. Très beau portrait d’une femme muette qui se sent incomprise, presque fantomatique dans la société où elle évolue. Sa condition sociale, son travail jugé peu reluisant lui valent parfois un certain mépris. Elle s’accroche et revit au contact de la créature. Au point qu’une histoire d’amour inattendue se mette en place. Dans les seconds rôles, Richard Jenkins et Octavia Spencer sont aussi très beaux. Ils contribuent à faire du film un bel hommage à la force de l’amitié, célébrant les spécificités de chacun. Michael Schannon fait enfin un bon méchant.

Ce qui emporte ici, c’est une sincérité des sentiments palpable, une candeur qui n’est jamais artificielle. Il émane de « La forme de l’eau » une pureté rare qui fait battre fort le coeur. Et le tout est servi avec une mise en scène stylisée, ample, qui prend le temps de poser un univers à la fois rétro et plein d’imagination.

Le scénario est humaniste mais pas neuneu, évitant de plonger dans le consensuel et s’autorisant de délicieuses bizarreries (comme la sexualité libérée de son héroïne). C’est beau, vibrant, emballant. Un de ces contes qui peut mettre tout le monde d’accord.

Film sorti le 21 février 2018

 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3