FICTIONS LGBT

LA TENTATION D’AARON de C. Jay Cox : le coeur d’un mormon

By  | 

Los Angeles. Christian (Wes Ramsey), jeune gay déluré, passe son temps à accumuler les plans cul et à tenir un journal de bord de ses multiples conquêtes quand il ne narre pas ses exploits à ses collègues dans le restaurant où il travaille comme serveur. Quand débarque dans son voisinage le lisse et naïf Aaron (Steve Sandvoss), un jeune mormon à l’homosexualité refoulée, il fait le pari avec ses amis de coucher avec ce dernier. Mais plus il se rapproche de sa cible et plus il se surprend à ressentir des choses inédites. Avec sa vulnérabilité et sa sensibilité, Aaron touche en lui quelque chose qui était éteint depuis longtemps. Et quand le séduisant mormon lui lance en pleine face qu’il est quelqu’un de superficiel, Christian est contraint de constater qu’il n’est en effet qu’un cliché et qu’il vit dans une certaine vacuité. Les deux garçons que tout semblait opposer vont finalement peu à peu se rapprocher jusqu’à s’embrasser. Mais leur amour naissant est rapidement découvert par les amis d’Aaron. Risquant l’excommunication et le rejet de tous ses proches, le garçon va se heurter aux limites de sa propre foi…

la tentation d'aaron film la tentation d'aaron film

Sorti au début des années 2000, La tentation d’Aaron (Latter Days en VO) a acquis un petit statut de film culte au fil des années. C’était une période où les films à thématique gay se faisaient encore rares et ne disposaient que de budgets très réduits. L’absence de moyens se ressent d’ailleurs par moments à l’écran et le métrage, qui accumule les artifices, a pris un petit coup de vieux, lorgnant ainsi vers un kitsch parfois embarrassant. La maîtrise n’est pas ce qui caractérise ce premier long-métrage de C. Jay Cox qui délivre un ensemble bancal, entre comédie légère, coming out dans une communauté fermée et romance tourmentée. Parfois maladroit voire lourdaud, le film aligne quelques fausses notes. Il en émane pourtant un certain charme…

Doté de premiers rôles attachants (Steve Sandvoss est particulièrement craquant dans son personnage de mormon sensible et naïf, véritable cœur pur), de seconds rôles étonnants (Joseph Gordon-Levitt et Jacqueline Bisset sont au générique), La tentation d’Aaron parvient ponctuellement à viser juste, à susciter l’émotion. Les plus « fleur bleue », adeptes de romance un poil « cheesy », ne résisteront sans doute pas à la love story contrariée entre ces deux garçons opposés qui dévoilent progressivement leurs fêlures. Doté d’une sincérité palpable, d’une indéniable générosité, ce long-métrage fauché a un petit je ne sais quoi d’assez attachant qui donne envie de passer outre ses égarements et ses faiblesses. On lui préférera toutefois ,sur un sujet similaire, le plus émouvant et mieux tenu diptyque Confessions.

Film produit en 2003 et disponible sur la plateforme de Films LGBT Queerscreen

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3