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Lana Del Rey, Ultraviolence : mainstream unique

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L’instant où l’on découvrait non sans euphorie les premiers titres de Lana Del Rey nous semble déjà lointain. En 3 ans, l’américaine est devenue un véritable phénomène populaire. Et pourtant, malgré le fait qu’on ait pu entendre ses chansons partout, qu’elle est la cible involontaire des tabloïds, qu’elle squatte un nombre incalculable de couvertures de magazine ou joue à l’égérie mode, l’artiste continue de garder un charme mystérieux et unique. Born to die est un album qui a su tenir sur la durée, avec des titres forts et inépuisables comme Summertime Sadness. Voici donc la belle de retour avec un attendu deuxième album, Ultraviolence. Le premier morceau, Cruel World,  annonce un disque plus mélancolique encore que son prédécesseur, avec un rythme plus lent, plus posé mais pas moins trouble. Si la tristesse est omniprésente alors que défilent les différentes pistes, les textes jouent aussi bien sur la provocation que sur un côté un peu « pétasse » assez savoureux. Dans la bouche d’une autre interprète, les paroles pourraient très bien agacer ou friser le ridicule. Sauf que Lana Del Rey a cette image étrange, assez insaisissable et surtout une voix absolument unique. Elle pourrait minauder des heures qu’on ne lui en tiendrait pas rigueur. Cette voix, mélange de gravité et de sensualité un poil morbide, parvient avec une aisance déconcertante à donner le frisson, à porter chaque mot vers la grâce. Les détracteurs diront que l’ensemble est un peu trop homogène, que tout se ressemble un peu. C’est pourtant loin d’être le cas. Ce qui frappe à l’écoute de ce nouveau disque, c’est le petit miracle que constitue à elle seule cette chanteuse hors du temps et des modes : elle est tout ce qu’il y a de plus mainstream mais sa musique ne l’est pas du tout. Et il est assez réjouissant qu’un ensemble de morceaux aussi classieux et subtils attirent tant l’attention de tous les médias confondus et parvienne à toucher un si large public. La chanson Ultraviolence, au texte pour le moins osé, atteint au fil des écoutes une intensité rare ; Shades of cool évoque la magie et la présence des chanteuses des années 40-50… Ultraviolence est un disque qui donne la fièvre (l’épatant Fucked My Way Up To The Top), qui fait brûler de l’intérieur avec tout un tas d’envie pas très catholiques (West Coast) tout en excellant dans l’art de la balade romantique (Old Money). Icône et interprète bouleversante, Lana Del Rey continue de tracer une route singulière. Un véritable envoûtement.

 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3