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LE CHOIX DE JOE de Todd Verow : déchéance étudiante

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Joe (Tim Swain) débarque dans une nouvelle ville pour commencer ses études dans une école d’art. Rien n’est gagné : profs cyniques et très exigeants, étudiants friqués insupportables…Heureusement, Joe fait la connaissance d’une jeune fille, Meg (Amy Dellagiarino), qui deviendra sa seule véritable amie. Meg veut se lancer dans la mode et elle compte bien travailler comme une acharnée. Pourtant, les semaines défilant, la pression augmentant, elle va perdre pied et se laisser aller. Sexe, drogue, vols…Meg se révèle être légèrement folle.

De son côté, Joe vit un coup de foudre pour un jeune prostitué mystérieux, Ramon (Gil Bar-Sela). Il se plait à l’observer le soir sur le trottoir, attendant que les voitures s’arrêtent, qu’un client allonge l’argent. Il est tellement fasciné par lui, qu’il serait bien tenté de se prostituer à son tour pour découvrir son monde. En attendant, les rencontres avec de nombreux garçons s’enchainent. Des histoires brèves mais qui auront une véritable influence dans l’évolution de Joe…Plus l’année scolaire avance et plus Joe et son amie vont sombrer dans une certaine déchéance.

le choix de joe todd verow

Todd Verow n’a pas dû avoir une vie étudiante de tout repos. Il paraît que Le choix de Joe (Between something and nothing en VO) est inspiré de sa propre vie. Et c’est tout un programme : prostitution, vols, alcool, drogue, mort, autodestruction…Sorte de suite à Vacationland (le personnage reste le même mais l’acteur change), ce projet est comme toujours chez Verow tourné en DV avec un budget minuscule et des acteurs non professionnels. Comme toujours des maladresses et comme toujours un charme presque inexplicable , un cinéma vérité et en même temps débordant de fiction…

A l’école d’art, on pousse les étudiants à donner le meilleur d’eux-mêmes, à fouiller en eux pour faire ressortir quelque chose de grand. Joe parviendra a trouver l’inspiration mais à quel prix ? Il va vite rentrer dans un schéma d’autodestruction pour mieux revêtir le déguisement d’artiste. Il est en effet bel et bien question ici de déguisement : en une coupe de cheveux on peut passer d’un gentil garçon introverti à un punk prêt à se prostituer, on peut avec une robe fashion et destroy passer de la jeune fille sage à la garce manipulatrice…Les apparences sont trompeuses et tout ici se révèle être assez imprévisible. Chaque rencontre pouvant faire basculer l’humeur ou le comportement d’un personnage. Les jeunes qui sont « complètement fucked up » seraient-ils un peu trop influençables ?

le choix de joe todd verow

Pas facile de gérer sa sensibilité artistique, ses sentiments. L’artiste est toujours (comme le titre original du film l’indique) entre quelque chose et rien. Et il suffit d’un rien pour faire naitre quelque chose . Il suffit d’une rencontre, d’une étreinte, d’une nuit, pour qu’une vie soit chamboulée et qu’un artiste soit né. Mais tout peut apparaître comme disparaître brutalement. Le choix de Joe se révèle être une œuvre d’errance sensorielle, inclassable, borderline voire furieuse par moments.

C’est une amitié qui se crée entre un jeune garçon et une fille perdue. C’est une passion brève et sur laquelle on ne peut pas mettre de mots entre un prostitué et un apprenti artiste. C’est le désespoir d’une nuit alcoolisée qui tourne mal. C’est l’insouciance qui se change en amertume. C’est un portrait de jeunesse, underground presque malgré elle. On s’y perd avec plaisir.

Film produit en 2008 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3