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LE DERNIER JOUR de Rodolphe Marconi : mystère de soi et des autres

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Simon (Gaspard Ulliel) est étudiant aux Beaux Arts à Paris.Pour les fêtes de fin d’année, il rentre chez ses parents en Province. Dans le train, il croise le chemin d’une mystérieuse inconnue, Louise (Mélanie Laurent). Sans trop comprendre pourquoi, il l’invite à passer les fêtes en sa compagnie. La nature de leur relation n’est claire pour personne et encore moins pour eux.

Ce retour aux sources va s’annoncer particulièrement difficile pour Simon qui va être plongé dans une profonde nostalgie. Dans la maison de son enfance, de sombres secrets semblent se cacher. Que fait sa mère , Marie (Nicole Garcia), dehors la nuit ? Qui est vraiment Louise ? Quelle est la nature de la relation entre Simon et son ami d’enfance, Mathieu (Thibault Vinçon) ?

le dernier jour film rodolphe marconi

Le dernier jour est avant tout un film de sensations. La sensation que l’on a lorsque l’on prend le train la nuit, qu’on ‘y dort après s’être grillé une cigarette (au temps où cela était encore permis). Le plaisir d’une balade en mobylette en pleine campagne, la gêne éprouvée lorsque l’on dort dans son lit d’enfance avec une inconnue. La sensation aussi du désir, de la frustration, cette asphyxie qui nous pousse hors de nous. Rodolphe Marconi filme Gaspard Ulliel sous toutes les coutures. Il n’y avait sans doute pas meilleur acteur pour camper le rôle de Simon, jeune homme peu bavard, perdu entre rêves et réalités, présent et passé. D’un simple regard, il transmet une multitude d’émotions et parvient à nous faire ressentir avec brio toute la détresse et la souffrance intérieure qui bouleversent son personnage à peine sorti de l’adolescence. Pour ce qui est de Mélanie Laurent, elle a rarement été aussi belle dans un film et crève ici l’écran.  Les seconds rôles ne déméritent pas, d’une Nicole Garcia aussi perdue que bouleversante à un Thibault Vinçon magnétique.

La grande force de ce long-métrage est d’instaurer dès les premières minutes un énorme trouble. On a du mal à cerner les personnages, à déceler leurs motivations, à anticiper où le film va nous mener. Ce brulant mystère est accompagné d’un grand charme. Le charme du casting mais aussi des décors et de tous ces plans nostalgiques et inspirés. La caméra désespérée de Rodolphe Marconi s’attarde sur la nature, les mouvements de la mer. Les musiques pop qu’il emploie pour rythmer ses scènes sont très bien choisies et contribuent à donner à cette oeuvre sur le désir (sujet traité maintes et maintes fois sur grand écran) une ambiance particulière, un ton, un regard.

le dernier jour film rodolphe marconi

Jusqu’où peuvent mener les non-dits, jusqu’où pouvons-nous aller dans le mensonge et dans la quête du désir ? Le souffle se coupe , le corps finit par parler pour nous, unique moyen d’exprimer ses émotions, sa détresse. Liens troubles (Simon/Louise, Marie et son amant, Simon/Mathieu) ou bien trop forts (Simon et sa mère) : les personnages du Dernier Jour sont confrontés à des évènements qui leurs échappent, des sentiments trop brutaux. Il y a là une mélancolie qui se mue progressivement en insupportable tristesse. Et si se battre contre ses désirs c’était se battre soi-même ? Sombre, onrique, envoutant : Le dernier Jour est un film au final très intense , qui ne s’oublie pas, une pépite du cinéma français trop méconnue. C’est aussi un rôle crypto-gay en diable pour Gaspard Ulliel avec quelques semaines mémorables (on n’en dira pas plus ;-)).

Film sorti en 2004 et disponible en VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3