FICTIONS LGBT

LE FIL de Mehdi Ben Attia : gays en Tunisie

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Malik (Antonin Stahly-Vishwanadan) revient en Tunisie pour voir sa mère (Claudia Cardinale) et pour quelques projets professionnels. Un retour pas évident : il n’était pas revenu sur sa terre natale depuis le décès de son père. Sa mère ne manque pas de le choyer, sa grand-mère lui met la pression (elle veut avoir des petits enfants avant de mourir)…Mais Malik a d’autres préoccupations : suite aux conseils de son psy, il est aussi et surtout venu pour dire à sa mère qu’il aime les garçons. L’affaire se révèle délicate, la mère ne semblant rien vouloir voir. Discrètement, Malik se trouve des partenaires dans des aires de drague ou en discothèque. Et parallèlement il développe surtout une attirance pour Bilal (Salim Kechiouche), le « garçon de maison ». Une liaison est-elle possible entre eux, malgré l’homosexualité cachée de Malik et leurs différences de classe sociale (Malik vient d’une famille aisée et Bilal d’une famille sans le sou) ?

le fil mehdi ben attia

Soleil et beaux garçons, retour à l’écran de Claudia Cardinale dans le rôle d’une mère possessive : Le Fil est un film tentant. Il explore de plus le sujet (encore tabou) de l’homosexualité en Tunisie. Il s’agit donc d’une « œuvre de coming out » mais comme on en a vu des dizaines voire des centaines. Toujours la même histoire sauf que les nationalités et les acteurs changent…Ne vous attendez pas à être surpris, tout ici est relativement téléphoné pour bien faire passer un message de tolérance certes nécessaire mais souffrant parfois d’un certain manque d’originalité.

Ce qui m’a amené à me jeter sur ce film, c’est la présence au générique de Salim Kechiouche. Icône et fantasme gay absolu, c’est un plaisir de le voir une nouvelle fois dans un film à thématique gay. On le retrouve, toujours aussi beau (un peu plus carré qu’avant, ça accentue son côté nounours) et émouvant. Claudia Cardinale cabotine un peu mais parvient à imposer un personnage de mère excessive aussi amusant que terrifiant par moments. La photographie, les images, sont belles, tout cela sent l’été, il y a un petit côté « téléfilm de luxe » pas du tout désagréable, ça se suit avec plaisir.

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Et finalement, Mehdi Ben Attia parvient à se défaire de ses propres maladresses. Ce « Fil » qui empêche chacun de vivre pleinement sa vie et qui est lourdement matérialisé finit par se révéler amusant (quand Malik stresse au bord de la route et tourne en rond). Plus le film avance et plus la comédie se mêle au drame intimiste. S’il n’y a clairement rien de nouveau sous le soleil, les plus romantiques se régaleront de cette histoire d’amour contrariée entre deux garçons sur le sol tunisien. Et pourront quand même remarquer la petite subtilité du film, énoncée lors d’un dialogue intelligent : et si Malik et Bilal s’étaient rencontrés ailleurs qu’en Tunisie, se seraient-ils aimés ? L’interdit, la douleur, rapprochent les gens et font naitre des histoires passionnées. Victimes et héros à leur échelle , ces deux garçons sont indéniablement touchants.

Film sorti en 2010 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3