CINEMA

LE LAC AUX OIES SAUVAGES de Diao Yinan : derniers espoirs

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Polar chinois très stylisé, Le lac aux oies sauvages oppose la noirceur des bas-fonds du pays aux couleurs enivrantes de la nuit.

Zenong ZHOU (Hu Ge) sort de prison et replonge illico dans de sales combines. Chef d’un gang, il voit sa jeune équipe s’opposer très violemment à un autre gang pour se disputer un secteur où voler. Les choses tournent très mal et Zenong se retrouve en cavale. Une véritable chasse à l’homme est déployée autour de lui : la police le poursuit activement et une grosse somme est proposée à la personne qui parviendra à le trouver. Conscient que ses heures sont désormais comptées, l’homme espère juste pouvoir dire adieu à sa femme. Un rendez-vous est organisé dans le plus grand secret mais l’épouse ne vient pas : à sa place c’est Aiai LIU (Gwei Lun Mei), une prostituée, qui apparait. Cette dernière finit par proposer de l’aider à convaincre sa femme qui a refusé de venir car surveillée par les autorités. Zenong peut-il vraiment lui faire confiance ?

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La trame de ce polar qui propose une plongée dans les bas-fonds de Chine entre banditisme et prostitution (on découvre la mécanique des « Baigneuses ») est assez basique. L’histoire se révèle sans surprise et il y a fort à parier que ça n’était pas une priorité pour le réalisateur Diao Yinan qui se pose en artiste formaliste et qui utilise des codes et figures clés du polar pour un exercice de style à la beauté subjuguante.

Le lac aux oies sauvages est un grand film de mise en scène. On en prend plein les yeux du début à la fin que ce soit pour des bastons parfaitement chorégraphiées, des mouvements de caméra pleins de souffle et surtout pour une atmosphère nocturne enivrante avec ses couleurs et ses néons. On peut d’ailleurs voir dans ces néons qui brillent au coeur de l’obscurité une sorte de métaphore de la situation du personnage principal, bandit condamné d’avance qui s’attache à vouloir voir sa femme, la lumière de sa vie, une dernière fois.

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Violence, manipulations, désespoir de la marge, ravages de la pauvreté : l’oeuvre témoigne d’un désespoir certain, d’une mélancolie en sondant les visages de ses anti-héros qui ne croient plus en grand chose (mention spéciale à l’acteur principal très charmant Hu Ge, filmé avec une certaine sensualité). Dans ses meilleurs moments, le film évoque des monuments du Polar en y apportant une touche plus moderne et plus frontale dans la représentation de la sexualité. Ne reste plus qu’à Diao Yinan à davantage travailler l’écriture pour livrer un pur chef d’oeuvre.

Film sorti au cinéma le 25 décembre 2019

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3