CINEMA

LE RIDEAU DÉCHIRÉ de Alfred Hitchcock : double jeu en Allemagne de l’est

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Années 1960. Armstrong (Paul Newman) est un américain chercheur en physique nucléaire. Très complice avec sa fiancée et assistante Sarah (Julie Andrews), il apparaît comme un homme intelligent et droit. Mais petit à petit, Sarah va être envahie par le doute : Armstrong multiplie les cachoteries et les petits mensonges. Et quand elle le met au pied du mur, il rompt plus ou moins avec elle avant de s’envoler à un énigmatique congrès à Copenhague. Découvrant que son amoureux a plutôt choisi comme destination Berlin-Est, Sarah décide de le suivre en douce.

Rapidement démasquée, elle est alors confrontée à un choix inattendu : Armstrong se révèle être un traître collaborant avec les allemands. Pourra-t-elle accepter de l’épauler dans une mission anti patriotique ? Pendant que Sarah est plongée dans l’incertitude, Armstrong poursuit sa mission. Il n’a en fait aucune intention de collaborer avec les allemands sur le terrain des armes nucléaires, il est un espion envoyé par son pays pour au contraire déjouer leurs plans. En contact avec différents agents secrets, il doit faire en sorte de retrouver la trace d’un professeur ayant mis le doigt sur une formule aussi révolutionnaire que dangereuse. Mais les employeurs allemands d’Armstrong ne sont pas dupes et le font suivre dès son arrivée pour s’assurer qu’il est bien loyal. Une fois identifié comme un ennemi, le bel américain va devoir accélérer la cadence pour atteindre ses objectifs et préparer avec Sarah leur évasion s’ils comptent rester en vie…

le rideau déchiré film hitchcock

Mur de Berlin, opposition entre l’Allemagne et les Etats-Unis, espions et manipulations : Le rideau déchiré est une œuvre particulière pour Hitchcock, assez terne en termes de couleurs, plus floue que jamais dans le déroulement de son intrigue. En effet, on a beaucoup de mal à cerner les enjeux, à comprendre exactement quelle est la mission d’Armstrong.  Plus que jamais le cinéaste joue avec le MacGuffin.

Force est de constater que malgré son apparente austérité,  Le rideau déchiré est un véritable classique et ne manque pas de qualité. D’abord il y a le duo de choc Paul Newman / Julie Andrews. Paul Newman, avec son charme ravageur, sa folle élégance et son air d’être toujours ailleurs, se fond à merveille dans une Allemagne de l’Est où toutes les trahisons semblent possibles, où tout peut basculer d’une seconde à l’autre. Les personnages évoluent dans un environnement hostile, instable, et pendant plus de deux heures le spectateur se retrouve scotché à son fauteuil, ne pouvant jamais prédire la suite des évènements.

On reconnaît bien là le talent d’Hitchcock qui évoque avec brio l’ambivalence des hommes, tout en mêlant grande mission et petites préoccupations intimes. On trouve dans Le rideau déchiré, outre un climat des plus singuliers, de nombreuses scènes inoubliables (celle du meurtre à la ferme, puissante et maîtrisée ; la fuite dans l’autobus, d’un suspense insoutenable mais aussi d’une incroyable drôlerie).

Haletant et sensible, livrant une réflexion stimulante sur le mensonge (parfois dangereux, souvent nécessaire), Le rideau déchiré est loin d’être une pièce mineure dans la filmographie du maître.

Film sorti en 1966 et disponible en DVD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3