FICTIONS LGBT

LES SENTIERS DE L’OUBLI de Nicol Ruiz Benavides : choisir de se réinventer

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Film indépendant chilien, Les sentiers de l’oubli (La Nave del Olvido en VO) suit la douce renaissance d’une femme âgée qui s’amourache de sa voisine dans un village pas très LGBT-friendly. Un film avec un grand coeur. 

Chili. Claudina apprend un soir le décès de son mari. Pour cette femme âgée qui a toujours été loyale et qui vient à peine d’arriver à la retraite, c’est évidemment un coup dur. N’ayant plus aucun repère et ayant peu d’économies, la veuve se retrouve à loger chez sa fille peu commode, Alejandra, où vit également son adorable petit fils Cristóban. 

Alors que l’horizon semble bien morne, c’est un véritable rayon de soleil qui fait irruption dans le quotidien de Claudina quand elle fait la connaissance de sa voisine, Elsa. Souriante, malicieuse, jeune dans sa tête, cette dernière est mariée mais s’autorise à aimer librement comme elle l’entend. Les deux femmes deviennent très vite amies, inséparables et Elsa pousse Claudina à sortir de sa zone de confort. Celle qui était en deuil se sent d’un coup plus vivante que jamais… et amoureuse. 

Si les deux voisines ne peuvent plus se passer l’une de l’autre, cela commence hélas à jaser dans leur village religieux et conservateur. Claudina subit notamment des pressions de la part de sa fille. L’amour aura-t-il le dernier mot ? 

les sentiers de l'oubli film

Réalisé avec peu de moyens mais avec un regard plein de délicatesse et une mise en scène délicatement poétique, Les sentiers de l’oubli est de ces longs-métrages profondément humains et généreux qui ne peuvent qu’à terme toucher notre petit coeur. 

Le film reste au plus près de son héroïne joliment ordinaire, femme d’âge mur qui s’est autorisées peu de choses dans sa vie et qui tardivement découvre une liberté de corps et de penser qu’elle ne pensait même plus possible. La réalisatrice rappelle par petites touches qu’il n’est jamais trop tard pour embrasser la vie et ses envies, se réinventer, même si elle montre également que cela ne se fait pas toujours facilement. Il y aura toujours des gens pour vous juger, vous empêcher d’évoluer, d’aller à contre-sens de ce que la société attend de vous et ce parfois même parmi les êtres qui vous sont le plus cher. 

Si on ne s’autorise pas à être soi-même et à se ficher du regard des autres quand on a dépassé la cinquantaine, alors autant aller droit dans le cercueil semble nous dire en douceur ce long-métrage qui oscille avec brio entre portrait de femme, romance lesbienne, drame intimiste et feel good movie. La vie est pleine d’embuches, les personnes qu’on aime peuvent toujours nous blesser et / ou nous décevoir, mais il est essentiel d’avoir en nous cette envie de reprendre le volant de notre destinée et d’aller vers de nouveaux chemins. 

Le propos de l’ensemble est simple, complètement universel et donne, peu importe l’âge que l’on a, l’envie de s’affranchir des cases. 

Film sorti en salles le 4 août 2021 

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3