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Lone, Galaxy Garden : merveilles, à la croisée des mondes

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Les albums de Lone se suivent et commencent à ne plus se ressembler. Déjà amorcé lors de son précédent disque, Echolocations, le virage de celui qui dans la vraie vie répond au nom de Matt Cutler se précise. Les paysages sonores se transforment, délaissant un peu la touche hip hop pour se rapprocher de plus en plus de la house voire d’une certaine idée de la dance des années 1990. Mais attention, ne nous méprenons pas : rien de vraiment bouleversant non plus dans ce changement de tendance. Le style rêveur, hypnotique et obsédant est bel et bien toujours là.

New Colour ose à fond la carte 90’s mais on retrouve toujours cette beauté qui émane de la répétition, ce petit truc en plus qui fait que le morceau finit par entêter. Et comme l’évoque la pochette et le titre de cette nouvelle production, le son de ce petit génie est toujours plein de couleurs, de rêve et de poésie. The animal Pattern propose de nouvelles rêveries synthétiques tandis que la parenthèse Dragon Blue Eyes, d’une lenteur enchanteresse, nous offre un ticket pour l’espace. Au rayon down tempo, Stands Tidal Waves fait aussi des merveilles…

Après des années à délivrer des pépites électros, à poser un univers, Lone opte pour la prise de risque. Crystal Caverns 1991 est une proposition périlleuse, qui surprend par son côté plus brutal que ce à quoi l’artiste nous avait habitué. Mais au milieu des boucles finit bien par émerger quelque chose d’étonnamment apaisant, de pop. Autre nouveauté : plusieurs  titres dans lesquels un peu de chant surgit (Spirals, As a child). C’est un rêve secret qu’on avait depuis longtemps : entendre un peu plus que des gémissements ou de vagues mots au milieu des compositions. Ce chant reste encore discret, enveloppé dans les nappes paradisiaques du compositeur. Mais c’est là une belle promesse, une nouvelle direction des plus stimulantes.

De cette nouvelle livraison, ce que l’on retiendra surtout, et ce qui m’a sacrément enthousiasmé, ce sont deux morceaux réalisés en collaboration avec Machinedrum. Si Ctulhu nous retourne la tête et nous plonge dans la plus belle et enivrante des brumes, c’est As a child qui se révèle être le morceau le plus fort de toute cette euphorisante galaxie.  C’est un des titres avec des passages chantés et c’est incontestablement celui qui résume le plus là où en est Lone à l’heure actuelle. Beaucoup de beats, un cachet 1990’s, les boucles rêveuses de toujours et la tentation de creuser encore pour s’envoler de plus en plus haut. Discrètement, des guitares s’immiscent dans l’espace et finiront sur la durée, après plusieurs écoutes, par tout chambouler. Jardin cosmique, jardin d’Eden où l’on sait déjà que toute la beauté pourrait nous échapper à jamais…  Lone nous a une fois de plus ensorcelés. Rêvons encore les oreilles bien ouvertes…

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3