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Lone, Reality Testing : en profondeur

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Depuis ses premiers albums Everything is changing colour et Lemurian, Lone impose un style singulier, créatif et obsédant donnant à la musique électro une profondeur rare. Son dernier LP, Galaxy Garden, somptueux mélange de titres dansants et flottants, lui avait permis de conquérir un plus large public et de multiplier les DJ Set à travers le monde. Désormais il est une référence. En cette année 2014, l’artiste anglais revient avec une nouvelle galette en forme d’aventure rêveuse et sensorielle : Reality Testing. Comme souvent avec lui, on passe par tous les états et les mélodies sont à la fois simples mais pleines de petites subtilités, de nappes étonnantes ou de bruitages renvoyant à des sensations ou souvenirs enfouis. L’ensemble est peut-être moins catchy et taillé pour les dance floors que ses prédécesseurs, sonne comme une proposition plus mature mais pas moins osée. Dès l’introduction, First Born Seconds, on a l’impression d’être parachuté dans une réalité alternative, un monde futuriste où surgissent des émotions qui s’emparent de nous profondément. Restless City nous fait ressentir le vertige et la vitesse de la ville. C’est tout simple mais ça paraît à la fois très réfléchi et subtil. Lone conçoit ses pistes comme des histoires à la fois mécaniques et poétiques : on passe du froid, de la technologie, au chaud, à l’humain. Ainsi Meeker Warm Energy et ses petits claviers scintillants nous rappelle comme la musique électronique peut être pleine de nuances, apte à susciter la mélancolie. Choisi comme single de lancement de l’album, Aurora Northern Quarter est incontestablement LA pépite de ce nouvel opus, témoignant de tout le génie de son auteur. Chaque note et chaque son nous emmène ailleurs, sur un fil sinueux nous faisant passer d’envolées dansantes et intenses à une fin complètement étourdissante. Beau à en donner la chair de poule. On retrouve plus loin Airglow Fires, déjà mis en avant il y a quelques mois en version EP : idéal pour se trémousser jusqu’à l’épuisement. Pour le reste, on navigue au milieu du paysage urbain entre euphorie (2 is 8) et vague à l’âme (Coincidences, Cutched Under). Gracieuse, à la fois moderne et hors du temps (on se voit voler au-dessus des gratte-ciel à l’écoute de Jaded), parfois venimeuse (Vengeance Video, d’une noirceur entêtante) bien que toujours colorée, la musique de Lone sent bon l’audace et la sensibilité. Une réussite de plus à ajouter à une œuvre décidément parfaite.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3