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Marc Martin et Mathis Chevalier nous parlent de « Mon CRS »

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C’est un bonbon pop et fleur bleue qui fait un bien fou. Mon CRS est le premier court-métrage de cinéma du photographe gay français déjà culte Marc Martin. Ou le récit d’un coup de foudre inattendu entre une chanteuse qui répond au nom d’Othmane et un ultra viril CRS. Avec un mélange imparable de candeur et de malice, Marc Martin part de deux opposés qui historiquement ne font pas bon ménage (un personnage LGBTQIA+ qui embrasse son identité qui ne correspond pas au sexe assigné à sa naissance et un membre du corps policier) pour déjouer les clichés et diffuser un parfum de tendresse et de tolérance irrésistible. 

A l’occasion de la sortie du film dans un magnifique coffret plein à craquer de surprises et de bonus (dispo ici), popandfilms a eu le chance de rencontrer Marc Martin et Mathis Chevalier pour une conversation aussi sympathique que détendue à Paris au Marché des Enfants Rouges. L’occasion de plonger dans les coulisses du projet et sur les enjeux de cette oeuvre qui constitue une première expérience de cinéma aussi bien pour son réalisateur que pour son jeune acteur principal qui enflamme l’écran par sa beauté et sa sensibilité. 

En voici quelques fragments issus d’une heure de conversation absolument délicieuse.  Merci à eux.

mathis chevalier

La première chose qui attisait ma curiosité était de savoir d’où venait Mathis. On l’a vu pas mal ces dernières années dans plusieurs collaborations photographiques chargées d’homoérotisme tout en devinant qu’il était pourtant hétéro. 

Qui es-tu et d’où viens-tu Mathis Chevalier ? 

« J’ai grandi en banlieue et je me suis rapidement passionné pour les arts martiaux libres qu’on qualifie de MMA. J’ai participé à de nombreuses compétitions, je suis devenu champion, j’ai donné des interviews en lien avec ça. 

Ce sont des cercles où tu peux te sentir bien, où je me sens bien. Je ne vais pas mentir j’aime la violence, j’aime me battre dans une cage. Et je vois aussi et surtout la dimension artistique de la chose, ce que ça peut avoir de beau comme discipline. C’est quelque chose qui m’apporte beaucoup mais cela peut me peser parfois car c’est un milieu très viriliste. 

En banlieue comme dans l’univers MMA tu peux te sentir observé. La manière dont tu t’habilles par exemple : si t’as une chemise à fleur et un pantalon qui moule un peu tes fesses on te dit que ça va pas, on te fait des remarques, t’as l’impression qu’il faut rester en sweat capuche tout le temps. Même être simplement curieux, s’intéresser à la littérature, aller voir des expos, on te trouve bizarre. On te dit que t’es un bouffon.

Quand t’es champion de MMA, tu t’entraines matin midi et soir pour taper un mec. Tu prends pas forcément le temps de parler à des gens qui n’ont rien à voir avec toi, qui sont d’un autre milieu. Et moi j’avais envie de ça, j’étais attiré par les arts. 

On a je pense tous envie à un moment d’élargir son horizon, de ne pas rester dans une case, de voir d’autres choses, d’autres univers. C’est super important de se l’autoriser et moi j’ai décidé de le faire. Même si c’était parfois galère et que choper un train n’était pas facile, je me suis accordé des pauses en partant à Paris de temps en temps sans le dire à personne.  J’allais faire des expos, principalement d’art contemporain et de photographie, j’allais au cinéma, je sortais en club.

La banlieue ça peut avoir un côté mélancolique et l’accès à la culture y reste trop restreint. Parfois je me dis qu’on y rêve pas assez. Dans une exposition, les gens rêvent, tu rêves avec eux. Et une chose en appelle une autre, tu voyages, tu te nourris, il y a des tas de passerelles. 

La nuit aussi m’a beaucoup apporté. En boite de nuit en banlieue on est tous habillés pareil, on écoute tous la même musique, on danse limite exactement de la même façon. Et puis j’ai l’impression qu’il y a toujours ce jeu de domination dans la séduction. A Paris, certes les gens se jugent aussi mais tu ressens beaucoup plus d’ouverture, tu peux t’affirmer, être dans ton individualité et en même temps avec les autres. L’affirmation à Paris c’est plus facile ».

mathis chevalier

Comment un champion de MMA est devenu la muse d’artistes essentiellement gays ? 

« C’est un heureux hasard. On m’a contacté un jour sur Facebook pour me demander si je voulais faire des photos. J’y croyais pas et j’y suis allé. Et c’était cool. 

Pendant la crise covid, je ne pouvais plus m’entrainer et j’ai passé un peu plus de temps sur les réseaux sociaux, Instagram notamment, et j’ai vu que j’avais quelques propositions de photographes. J’ai commencé à échanger avec eux. Je me suis renseigné sur l’art de la pose et j’y ai pris goût.

Les sujets que j’ai exploré à travers la photo sont divers : la masculinité, le sport, la vulnérabilité, la banlieue… Je vois l’ensemble de ce que j’ai fait jusqu’ici comme une sorte de panorama personnel d’un gars d’une vingtaine d’années pas figé dans son identité et sa représentation, qui évolue dans la société.

J’aime vraiment beaucoup la Photographie et à un moment j’ai entendu parler du travail de Marc et je suis allé voir une de ses expos. Son travail m’a beaucoup plu. 

Et Marc Martin rencontra Mathis…

Marc Martin se souvient : « Je l’ai vu  d’un coup au milieu d’une de mes expos et forcément ça m’a interpellé. En général quand j’expose mon travail il y a plutôt des gays, des personnes férues d’art, des personnes âgées et là j’ai vu ce grand gars avec ses 90 kilos de muscles scruter mes photos un peu cochonnes et je ne savais pas comment l’aborder. C’était comme avoir Bullhead dans mon expo ! Il a un côté Matthias Schoenaerts, Marlon Brando ».

mathis chevalier

Le projet « MON CRS »

Après des années à évoluer dans l’univers de la photographie et après avoir accédé à une belle reconnaissance critique (ses derniers projets photographiques Les Tasses et Beau Menteur ont notamment bénéficié d’un fort enthousiasme de la presse et d’une très belle exposition médiatique), Marc Martin a eu envie de tenter l’expérience d’un court-métrage de cinéma. 

Germe alors en lui l’idée du film MON CRS. Quand on lui demande de nous présenter le film, voici ce qu’il en dit : «  J’ai pensé MON CRS comme un film sur la liberté, peu importe le milieu, le monde, l’univers d’où on vient. C’est l’histoire d’une rencontre qui change tout. On suit ce garçon qui évolue dans un milieu ultra masculin, qui va au spectacle et qui se laisse retourner, qui redevient comme un enfant et qui tombe amoureux.  C’est un personnage qui passe des zones d’ombres à la lumière, qui arrache à la société son droit de rêver et de se réaliser. Les deux protagonistes appartiennent chacun à leur manière à une marge et la marge m’a toujours captivé. 

C’est aussi un projet qui parle du corps. Celui d’Othmane qui embrasse son identité par le corps mais aussi Mathis qui s’est forgé ce corps avec toute sa discipline et ses entrainements. Le corps peut être carapace, transformation, réalisation… Je voulais montrer deux personnages qui avaient chacun à leur manière la force de choisir leur corps tout en ne se laissant pas enfermer dans des cases ».

mon crs marc martin

Partir des clichés 

Le choix d’un personnage principal très masculin et CRS était périlleux et Marc Martin en avait bien conscience : « Je pouvais déjà entendre des gens me dire : mais pourquoi faire un film où tu es fasciné par un mec comme ça qui représente quelque chose de masculiniste au premier regard ? Et en plus un personnage de CRS ?! 

Mathis n’est pas un bourrin et tous les CRS ne sont pas des gens atroces. Il faut aller au-delà des clichés, il faut gratter.  Quand on parle de CRS aux gens, ils ont envie de vomir. Il y a un historique d’autant plus complexe avec la communauté LGBTQIA+. 

Moi j’aime bousculer les codes. On m’a conseillé de changer le titre du film car on m’a dit que ce serait un repoussoir. Mais je n’ai pas voulu, je voulais titiller, aller contre les préjugés. Je ne suis bien sûr pas là pour encenser la Police, mais j’aime la nuance. 

J’avais conscience que je risquais de me faire taper dessus avec ce choix mais je ne voulais pas faire de compromis ». 

Mathis Chevalier se souvient que quand le réalisateur l’a approché pour lui proposer le projet, il a été étonné par le pitch : « Je me posais la question de savoir si les gens allaient avoir envie de voir cette histoire-là. Au début quand tu entends le pitch tu te dis : il coche toutes les cases pour que les gens détestent son film avec un mec super masculin, un CRS, une chanson d’Annie Cordy…

Le CRS c’est pas comme la Police. Le CRS c’est l’Etat, c’est servir. C’est un gros symbole, c’est pas évident. Surtout avec tout ce qui s’est passé récemment, les Gilets Jaunes… » 

Et puis le développement de l’histoire a rapidement attiré Mathis : « Pour moi, c’est l’histoire d’un homme macho qui tombe amoureux. Et qui par cet amour entame un vrai chemin. C’est un homme qui évolue, qui est en quête. Il se cherche. Et je pense que c’est important de se chercher, de se remettre en question. Surtout quand on est un homme. C’est quelque chose qui me parle beaucoup. Et il y avait beaucoup de thématiques qui me touchaient personnellement : la marge, l’enfermement, la rêverie ». 

Marc Martin conclut, rieur : « Quand je lui ai parlé de mon projet et le lui ai proposé il m’a dit : « Ca a quand même l’air bizarre ton truc mais OK » ».

Tout premier rôle pour Mathis 

Quand il a été question de matérialiser MON CRS, Marc Martin a tout de suite pensé à Mathis Chevalier : « Je le voulais lui depuis le début, je n’avais pas de plan B.  Ce qui me plaisait chez lui, c’est sa carrure et tout ce qu’il représente. Quelque part il est un peu l’idéal masculin que je pouvais avoir quand j’étais petit. Un garçon fort et viril alors que moi j’étais un garçon plus efféminé et fragile. Il est pour moi une belle représentation de la virilité d’aujourd’hui : il a l’air d’être un bonhomme au premier abord et il est en fait surtout ouvert aux autres, curieux.

Bien sûr que certains ont essayé de m’en dissuader, de me dire que c’était périlleux de prendre quelqu’un de complètement nouveau, sans expérience dans le cinéma, et de faire reposer mon premier court-métrage sur ses épaules. Mais j’avais une bonne intuition, je savais que Mathis était loin de se résumer à un « Brutus ». Et j’ai été ravi de constater par la suite que je ne m’étais pas trompé. 

Il y a des gens qui quand ils ne connaissent pas quelque chose ne veulent surtout pas y aller. Mathis c’est l’inverse. Il n’est pas peureux et il est très curieux. C’est évidemment un beau mec mais il est loin d’être seulement beau. Quand tu le regardes bien, il est plein de fêlures. Et il y a une infinité de belles choses à voir et à creuser chez lui. 

Ce qui a été formidable avec lui, c’est qu’il avait vraiment envie d’échanger et de collaborer. Il n’a pas juste été comédien, il a apporté beaucoup de choses à son personnage. Par exemple l’aspect enfantin du CRS, le rapport à l’enfance,  c’est lui qui a vraiment amené et approfondi ça. On a beaucoup parlé par téléphone, ça a fait émerger pas mal d’idées et de subtilités pour nourrir le projet. 

Pour un réalisateur comme moi qui faisait son premier court-métrage c’était génial d’avoir un comédien comme ça.  J’avais envie que ce film nous ressemble à tous les deux ».

Pour Mathis Chevalier l’enjeu était de taille aussi avec un tout premier rôle au cinéma et la découverte du jeu de comédien différant avec ce qu’il avait connu jusqu’alors en tant que modèle : « Quand tu es modèle, tu appréhendes les poses. Tu fais des recherches sur ça, sur ce qui existe et a existé, les différents courants, ce qu’il y a à trouver à travers l’Histoire. Tu apprivoises l’objectif, tu cernes les techniques. 

Le cinéma c’est la réalisation d’une histoire, il y a quelque chose de beaucoup plus vaste dans la recherche. Pour bien me préparer avant le tournage, je me suis demandé quelle était vraiment l’histoire de Marc Martin, pourquoi il avait choisi ce thème pour son premier film. Je me suis documenté sur l’Histoires des luttes LGBT. Aussi sur les représentations et l’historique des CRS. Et bien sûr il y a la recherche de choses en soi pour trouver le personnage, pour ne pas représenter mais incarner et le faire en ressentant vraiment les choses. 

Ça n’était pas qu’un jeu, c’était du travail. Comme le titre du film l’indique je me suis mis dans la peau d’un CRS et ça n’était pas anodin pour moi, ça m’a amené à me poser pas mal de questions. Faire ce film m’a interrogé sur moi-même, sur ce que peut vouloir dire mon corps, sur ce vers quoi je me sentais d’aller car ce projet c’est avant tout l’expression d’une sensibilité, d’amener une certaine virilité vers une forme de vulnérabilité ».

Un tournage comme une évidence 

D’un côté un réalisateur qui fait son premier court, de l’autre un comédien qui se jette dans son premier rôle : le tournage de MON CRS représentait son lot de défis et il a finalement vite sonné comme une évidence. 

Marc Martin nous raconte : « Mathis était dans sa bulle, très concentré. Et dès le début du tournage ça s’est senti et ça a rassuré ceux qui pouvaient douter de lui. Moi je savais. Je voulais que ce soit lui, même s’il n’avait pas encore fait vraiment de cinéma jusqu’alors, je n’avais aucun doute. Et j’ai été ravi de constater que dès le départ il a bluffé tout le monde. Il y a chez lui quelque chose de cinématographique, qui est de l’ordre du magnétisme. Même mon chef op qui n’est pas gay pour un sou s’arrêtait parfois pour me dire « T’as vu ce regard  ? ».

Il a amené tellement de choses avec lui. Quand il est dans son bain dans le film, oui il est sexy mais il est surtout torturé, fissuré à l’intérieur et je trouve ça fascinant. Et ce qu’il fait par exemple à travers la voix off je trouve ça très beau. Ca chante de l’enfance à l’âge adulte, c’est émouvant. Mathis et d’autres membres de l’équipe doutaient au début de l’utilisation de la voix off dans le film, il y avait la peur que ça ne marche pas ». 

Mathis confirme : « La voix off c’est un exercice qui me mettait vraiment la pression. Il fallait bien poser la voix, être juste, que ça fasse authentique. Marc m’a mis énormément en confiance, il avait plus confiance en moi que moi-même et ça m’a aidé à me jeter à l’eau ». 

Le résultat est en effet particulièrement réussi et saisissant et en tant que spectateur force est de constater que cette voix apporte beaucoup de densité et de sensibilité à l’ensemble. 

mon crs marc martin

Préserver ses rêves

Un des thèmes les plus forts du film est le rapport à l’enfance, à nos rêves d’enfant et à la peur de les perdre et de se perdre en grandissant. 

Un thème très cher à Mathis : « J’ai été en échec scolaire, c’est pour ça aussi que je me suis tourné vers le sport. L’enfance c’est quelque chose que j’ai bien et mal vécu en même temps. J’y ai connu le rejet. J’étais aussi un grand rêveur et je le suis toujours. J’étais plus rêveur que scolaire. J’ai essayé de retarder le plus possible le passage à l’âge adulte. Car quand on est adulte on doit faire des choix et le film parle aussi de ça. Etre terre à terre, l’utilité des choses, c’est quelque chose qu’on te martèle de plus en plus au fil des années… Il faut pourtant garder les rêves, les fantasmes avec soi sinon la vie elle est nulle. 

Il y a quelques années j’ai voulu travailler comme conseiller municipal pour ma ville. Je l’ai fait car je voulais essayer de faire en sorte que les jeunes de mon quartier puissent continuer à rêver. Je voulais créer des petits ateliers ou on pourrait faire des courts-métrages, créer des choses. A Paris il y a plein de choses pour s’évader et se divertir, en banlieue moins. Dans les banlieues dortoir tu es vite pris dans un étau, tu travailles, tu t’enfermes dans ce que tu connais, tu ne cherches pas ailleurs. Et il faut faire attention parce que c’est justement l’art et l’amour qui permettent l’émerveillement ». 

mathis chevalier

Corps et masculin ouvert

L’autre grande thématique de MON CRS, et qui se retrouve dans quasiment tous les travaux de Marc Martin c’est celle de la masculinité, de la virilité, du rapport au corps. 

Mathis évoque son rapport avec tout cela : « Le corps, pour moi c’est l’occasion de jouer. C’est un jeu de séduction avec un photographe ou un réalisateur, un jeu avec les spectateurs, ce qu’ils peuvent en attendre et ce qui peut les surprendre ».

Marc Martin ajoute : « Au moment du tournage,  il y a eu la question de ce que l’on pouvait montrer et jusqu’à quel point. Et quand je parle de ça ce n’est finalement pas forcément du corps. Je pense plutôt à l’exposition de la vulnérabilité. Quand on est un bonhomme comme Mathis on peut ne pas avoir envie de montrer sa fragilité et ses doutes ».

Mais Mathis, ses failles, il les embrasse désormais comme il nous le confirme : « Pour moi être fort ce n’est pas faire le bonhomme mais justement dire que l’on a des doutes et l’assumer. Si je devais désigner un modèle masculin pour moi je choisirais Coluche. Lui c’était un vrai mec. C’était plus qu’un bonhomme drôle, il avait une profondeur, une ouverture, une douceur que j’admire ». 

Et si le court-métrage touche droit au coeur et aborde des sujets universels et profond, on y retrouve quand même l’aspect sexy et érotique caractéristique de l’oeuvre de Marc Martin : « J’ai beaucoup traité de la sexualité et je suis  très à l’aise avec ça. Ce projet est moins là-dessus mais forcément on y retrouve des choses propres à mon travail de photographe. Je pense qu’on peut tout à fait faire un film avec du désir et de l’érotisme et y amener de la sensibilité et ouvrir à la réflection. Ce n’est pas parce que ça te travaille dans le slip que tu ne peux pas t’interroger ». 

mon crs court metrage

Amour 

Enfin, évidemment, Mon CRS est une belle histoire d’amour et Mathis nous résume très joliment la chose : « Le film porte un beau message : il montre une histoire d’amour que certains qui ne sont pas ouverts d’esprits peuvent trouver spéciale mais le point de vue adopté par Marc la rend banale et universelle, simple.

Le vrai amour c’est l’amour où les choses peuvent être redistribuées, où tu sautes dans le vide. Le vrai amour tu sais pas ce qui se passe, ça t ‘éduque ». 

MON CRS, film produit en 2022, disponible en coffret collector 

mon crs film

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3