CINEMA

Nicolas Duvauchelle est chaud comme une baraque à frites dans « Bonhomme »

By  | 

« Mais qu’est-ce que c’est que ce film ? Mais qu’est-ce qui se passe ? ». C’est un peu ce qu’on a envie de dire quand on est devant l’écran en train de regarder « Bonhomme », film de Marion Vernoux avec Nicolas Duvauchelle et Ana Girardot. Ces deux derniers y incarnent un jeune couple amoureux dont le quotidien bascule suite à un accident de voiture. Piotr, le personnage incarné par Nicolas Duvauchelle, devient traumatisé crânien. Et chez lui cela se manifeste, entre autres choses, par une sexualité archi décuplée, bestiale et sans filtre.

C’est un long-métrage qui déroute et lors des premières scènes où Nicolas Duvauchelle joue à l’handicapé mental on se sent un peu gêné. Idem quand sans crier gare apparaît à l’écran son chibre imposant et dur comme un roc. C’est qu’en fait on n’a pas l’habitude de voir au cinéma des personnages touchés par cette maladie. On redoute une interprétation lourde mais petit à petit on se rend compte que l’ensemble est bien plus fin qu’il n’en a l’air.

Sans l’ombre d’un doute, « Bonhomme » va déstabiliser plus d’un spectateur. Car sa réalisatrice oppose au drame de la maladie et à une certaine précarité sociale des passages comiques inattendus. Elle s’amuse de l’hypersexualité de son personnage principal malade, elle rigole de ses maladresses et de ses répliques qui détonnent. La maladie est en général une chose avec laquelle on ne plaisante pas et le parti pris de le faire était audacieux et casse-gueule. Une fois que l’on comprend que la cinéaste « rit avec » plutôt que « rire de » et que l’humour devient la meilleure des armes pour faire face à une situation tragique, on se sent plus confortable.

nicolas duvauchelle bonhomme

La plus grande qualité de « Bonhomme » est d’être constamment là où on ne l’attend pas, déployant des situations étonnantes voire complètement « what the fuck » avec le plus grand naturel, la plus grande des simplicités, comme si tout était normal. Et c’est justement ça qui est beau : cette façon de s’adapter aux situations, au réel, par amour et se ficher des regards et des convenances. Plus le film avance et plus le personnage de Marilyn interprété par la super Ana Girardot se révèle être une formidable amoureuse.

Une fois dépassé les fous rires face au caractère incongru de certaines scènes on réalise qu’il est avant tout ici question d’une belle love story, d’un couple qui évolue avec complicité et tendresse en s’adaptant à la maladie, en la déjouant de façon ludique, porté par une folle énergie, presque inconsciente. Tout ce qui pourrait paraître glauque, malaisant ou tétanisant devient jovial, se transforme car porté par des sentiments purs, une vraie envie de comprendre et d’accompagner son partenaire, de le tirer vers le haut, de s’adapter à son nouveau monde, son nouveau visage.

Ce film qui ne paie pas de mine à première vue finit par nous séduire avec son petit grain de folie, son désir de montrer que chaque couple, peu importe les épreuves qui se dressent sur son chemin, peut se réinventer, se solidifier et qu’importe les jugements. On dit oui ! Et on ne boude pas notre plaisir de voir sexy Nicolas Duvauchelle chaud comme une baraque à frites dans un rôle vulnérable qui a le mérite de le changer de son registre habituel.

Film sorti le 29 août 2018

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3