CINEMA

NOVO de Jean-Pierre Limosin : perpétuelle première fois

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Paolo (Eduardo Noriega) a un jour eu un malheureux accident et cela lui a couté sa mémoire. Depuis, il ne se souvient de rien , du moins pas bien longtemps, et est obligé de marquer ce qu’il lui arrive dans un carnet s’il ne veut pas tout oublier. Il travaille dans une agence où on l’aide à essayer d’améliorer sa mémoire. Sa patronne semble très excitée par son « handicap ». Il faut dire que l’idée d’un homme qui vous fait l’amour à chaque fois comme la première fois, ça doit en exciter beaucoup.

Rien ne laissait présager dans sa vie forcément balisée qu’il rencontrerait un jour l’amour. Et puis arrive la merveilleuse Irène (Anna Mouglalis), pleine de vie et diablement sensuelle. L’appel de la chair ne se fait pas attendre. Mais construire une vraie histoire avec quelqu’un qui oublie tout, n’est-ce pas impossible ? Surtout quand celui-ci a oublié qu’il avait une femme et un enfant qui attendent son retour à la maison…

novo film jean pierre limosin

Il y a beaucoup de choses qui frappent directement dans le film de Jean-Pierre Limosin. D’abord, la forme de son film. Certains l’ont comparé à sa sortie aux films de la Nouvelle Vague pour sa liberté de ton comme pour sa forme. Comme la mémoire de Paolo, le film débute avec des effets montrant une certaine déstructuration. Paolo ne peut vivre que par l’instant présent et ce film appartient au cinéma de l’instant. La caméra tourbillonne, les plans sont parfois hachés, la musique s’en va puis revient. Visuellement maniéré et très séduisant, Novo illumine l’écran.

Mais ce qui illumine de suite c’est aussi et surtout l’acteur Eduardo Noriega. Avec son doux visage et ses expressions de gosse, il est tout simplement irrésistible. Et quand débarque Anna Mouglalis, c’est le choc. La superbe brune a un charisme et une beauté à faire tourner la tête. C’est déjà rare d’avoir un coup de foudre pour un acteur lors d’un film, là on en a carrément deux. Inutile de préciser que lorsque les scènes de sexe (absolument géniales) débutent, la sensualité emporte tout sur son passage au risque de susciter une certaine excitation du spectateur. Novo est un film franchement bandant, c’est dit. L’acte sexuel nous permet de sentir que l’on existe, de prendre du plaisir et de ne plus penser : pas besoin de mémoire. Cela arrange l’animal Paolo. Partout autour de lui, on le perçoit en effet comme un enfant ou une bête de sexe. Il est surveillé, analysé, pris en charge. Il faut le tenir par la main. Cette candeur est retranscrite avec beaucoup de finesse par Eduardo Noriega. 

novo film jean pierre limosin

Novo est ,de plus, une comédie sentimentale pas comme les autres. L’amour est ici comme un jeu où l’on se perd avec plaisir et parfois tristesse. On avance, on recule, on redevient des mômes. Et si l’amour c’était justement redevenir un enfant, s’émerveiller toujours de tout, profiter et se laisser porter ? Pour arriver à cela , les personnages vont devoir se battre. Aussi craquant soit-il, Paolo oublie tout. Hors, comme le dit le personnage d’Irene dans le film : aimer, c’est avoir une histoire. Leur romance n’est faite que de moments brefs et intenses, souvent voués à disparaître. L’enjeu d’une comédie sentimentale est de savoir si les deux héros finiront ensemble. Ici cela prend totalement, on crève d’envie de les voir réunis au générique de fin.

Audacieux, super bien foutu, amusant de par son idée de départ, interprété par un duo d’acteurs irrésistibles, avec une utilisation de la musique intelligente et sophistiquée : ce long-métrage a tout bon, d’autant plus qu’il déborde d’émotion, de sensualité, de suspense. La sexualité est ici filmée avec tendresse, apparaît comme follement ludique. On ressort de là comme d’un rêve.

Film sorti en 2002 et disponible en DVD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3