CINEMA

ORPHELINE de Arnaud des Pallières : portrait d’elles

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Des actrices magnifiques, une mise en scène puissante et une intrigue émouvante et haletante : clairement « Orpheline » s’impose comme l’un des meilleurs (si ce n’est le meilleur) films du réalisateur Arnaud des Pallières.

Le spectateur suit le personnage de Karine à 4 moments clés de sa vie. A chaque fois, une actrice différente entre dans la peau de la jeune femme. Enfant (Vega Cuzytek), elle est le témoin médusé d’une partie de cache cache qui tourne au cauchemar. Adolescente (Solène Rigot) elle se rebelle face à son père violent (Nicolas Duvauchelle) et fuit régulièrement sa maison pour séduire précocement des hommes dans la boîte de nuit de sa bourgade. Âgée d’une vingtaine d’années (Adèle Exachropoulos), elle tente de gagner sa vie tant bien que mal et se retrouve propulsée dans le monde du jeu et des courses sous la coupe d’un homme énigmatique qui rêve d’être son père de substitution. Mais la rencontre avec la belle Tara (Gemma Arterton) pourrait changer la donne. Adulte (Adèle Haenel), repentie et menant une vie ordinaire avec le doux et aimant Darius (Jalil Lespert), elle se voit rattrapée par ses fantômes.

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Le film nous fait naviguer entre les différents âges de son héroïne, souvent à rebours, dessinant un portrait d’elle tout en nuances et riche en pulsions. Ca court, ça crie, ça cogne : le rapport aux hommes n’est jamais facile et la vie ressemble pour Karine à une course-poursuite permanente. L’ivresse des hommes pour tenter de conjurer le sort et avancer, peut-être un peu pour essayer de se trouver à travers leur regard aussi.

Si, notamment avec toute la partie portée par Adèle Haenel, Arnaud des Pallières raconte l’itinéraire d’une rebelle malgré elle avec une vraie sensibilité, le réalisateur joue aussi des ambivalences, n’hésite pas à s’aventurer en terrains plus boueux et a une façon cash assez réjouissante de filmer les scènes de sexe (de ce côté-là Adèle Exachropoulos fait encore des étincelles – qu’est-ce qu’on l’aime !).

Si l’ensemble doit beaucoup à la grâce de ses comédiennes d’une beauté, d’une intensité et d’une justesse assez stupéfiantes (coeur avec les mains pour Solène Rigot), « Orpheline » est aussi un grand film de mise en scène. Il suffit que l’une des actrices soit filmée en train de déambuler dans une rue ou au milieu d’un couloir pour qu’on soit déjà happé. Il se passe toujours quelque chose à l’écran.

Film sorti en 2017 et disponible en VOD

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3