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Ringer, saison 1 : Sarah Michelle Gellar entre thriller et soap malade

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Bridget Kelly (Sarah Michelle Gellar), ex alcoolique et strip-teaseuse, a été témoin de l’assassinat de l’une de ses collègues. Refusant de témoigner contre le meurtrier par peur de représailles, elle est suivie de près par l’agent Machado (Nestor Carbonell) qui fait tout son possible pour l’amener à changer d’avis. Convaincue qu’elle ne peut se fier aux forces de l’ordre (une taupe serait infiltrée), elle décide de fuir, laissant derrière elle son meilleur ami et parrain aux alcooliques anonymes, Malcolm (Mike Colter). Bridget rejoint ainsi à New York sa sœur jumelle Siobhan (à prononcer « Shivon ») avec laquelle elle était brouillée depuis des années. Contre toute attente, Siobahn l’accueille à bras ouverts et lui propose de l’aider à se sortir du pétrin. Mais alors qu’elles partent faire un tour en bateau, cette dernière disparaît. Bridget pense qu’elle s’est suicidée. Elle décide de profiter de cette situation dramatique pour se cacher et vole ainsi l’identité de Siobahn…puis découvre la vie de cette sœur qu’elle n’avait plus fréquentée depuis des années. En arrivant dans son luxueux appartement, Bridget découvre que le couple de Siobahn et de son mari, Andrew (Ioan Gruffudd), bat de l’aile et que ses relations avec la fille de celui-ci, Juliet (Zoey Deutch), sont pour le moins tendues. Elle découvre aussi que Siobahn trompait Andrew avec Henry Butler (Kristoffer Polaha), le mari de sa meilleure amie Gemma (Tara Summers). Visiblement la vie de la riche épouse était basée sur de nombreux mensonges. Bridget n’est pas au bout de ses surprises puisqu’elle échappe de justesse à un tueur à gages. Quelqu’un souhaitait la mort de Siobahn avant qu’elle ne se suicide. Et maintenant, étant donné que Bridget lui a volé son identité, c’est elle qui est en danger. Mais ce n’est pas tout : Siobahn ne s’est pas suicidée, elle est encore en vie. Ayant pris la fuite pour Paris, elle semble concocter un plan machiavélique pour détruire à la fois son mari Andrew et sa sœur à laquelle elle n’a finalement rien pardonné…

Beaucoup d’éléments déjà, et ce n’est que le pilote ! Pendant 22 épisodes, Ringer fait tout son possible pour tenir le spectateur en haleine, multipliant les rebondissements tour à tour surprenants, jouissifs ou à la frontière du grotesque.  Qu’on se le dise : Sarah Michelle Gellar a choisi un curieux projet pour son retour à la télévision. Mêlange détonnant entre thriller et soap opéra de luxe, Ringer sent bon le plaisir coupable. L’actrice y livre une interprétation inégale mais étonnamment attachante, profitant d’un double rôle pour jouer à la fois un personnage tendre, en quête de rédemption (Bridget) et froid, rongé par la soif de vengeance (Siobahn). Dans cette série schizo, assurément divertissante, le bon comme le meilleur peut survenir à tout moment. Ainsi, tandis que certains épisodes bénéficient d’une réalisation élégante et épousent le meilleur du thriller, d’autres sombrent avec délice dans le feuilleton bas de gamme. Les meurtres s’enchaînent, les masques tombent : on découvre petit à petit l’objet de la discorde entre les deux sœurs jumelles.

Deux sœurs partageant le même visage mais aux personnalités, aux destins différents. Avant de venir à New York, Bridget menait une vie de débauche (qui nous est racontée via plusieurs flashbacks, assez calamiteux). En prenant l’identité de Siobahn, elle s’offre une seconde chance. Et réécrit l’histoire de cette dernière. Au fil des épisodes, elle remet sur pied son mariage, met un terme à sa relation adultère et se révèle être une belle-mère attentive et compréhensive pour la fille d’Andrew, l’agitée Juliet. Pendant ce temps-là, à Paris, Siobahn ne se laisse pour sa part guider que par sa soif de vengeance et d’argent. Manipulant depuis des années tous ceux qu’elle croise, elle s’apprête à couler son mari Andrew et sa sœur. En toile de fond de cette histoire de rédemption/vengeance, une affaire de bidouilles boursières (Andrew travaillant dans la finance avec des gens peu scrupuleux).

Dualité, confiance et manipulations à New York

Ce n’est pas un hasard si la série s’articule autour de deux sœurs jumelles. C’est une façon évidente de pointer la dualité qui compose chaque personnage. Bridget a beau devenir petit à petit un être meilleur, ressoudant la famille jadis brisée par Siobahn, elle rend heureux Andrew et Juliet en se faisant passer pour une autre, en entretenant le mensonge sur son identité. Siobahn est dès le départ montrée comme une garce prête à tout pour arriver à ses fins mais se révèle petit à petit plus humaine. La disparition de son enfant a fait d’elle un être froid, les évènements l’ont transformé en une sorte de mythomane, incapable d’être totalement sincère même avec la seule personne au monde qu’elle aime : Henry. Ce dernier, écrivain raté, joue les héros romantiques mais est un mari infidèle qui finira sans le vouloir par causer la mort de sa femme. Andrew, mari lisse et attendrissant se révèlera être mêlé à d’obscures magouilles financières et capable d’une violence insoupçonnée. Sa fille, l’adolescente Juliet, souffrant de l’absence de sa mère biologique (dont Andrew s’est séparé pour se marier avec Siobahn), est aussi instable, sensible que manipulatrice. La mère biologique en question, Catherine, est une femme instable, dépressive et capable du pire. Au cœur d’un New York urbain et glacial, à la fois glamour et gris, Ringer nous entraine dans un univers mouvant, où toutes les identités sont floues.

Du thriller au grand n’importe quoi

Instaurant une atmosphère étrange, la série est à l’image de ses personnages : instable. Durant un épisode, on s’émerveille de la capacité des scénaristes à nous tenir en haleine, de nous surprendre grâce à des intrigues très bien ficelées. Et l’épisode suivant on pouffe de rire face à des situations hyper tirées par les cheveux. Les cadavres s’accumulent autant que les coups de putes via des sous-intrigues évoquant des films comme Sexcrimes ou Liaison Fatale. On a le droit d’être perplexe, gêné même, mais on peut aussi adorer ça. Car, non sans maladresses, Ringer réunit tout ce qu’il faut pour être une des séries les plus additives de la saison 2011-2012, faisant le grand écart entre différents genres, passant de la sensibilité aux poufiasseries les plus tordues. Un show malade et jouissif.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3