FICTIONS LGBT
Sense8, critique de la série très gay friendly de Netflix
Ils s’appellent Will, Riley, Sun, Capheus, Lito, Nomi, Wolfgang et Kala. Ils vivent au quatre coins du monde et ne se connaissaient pas avant qu’un événement mystérieux ne les connecte les uns aux autres. Ces 8 personnes vont découvrir qu’elles sont des « sensitifs », êtres capables par un étrange pouvoir de se retrouver l’espace d’un instant à des milliers de kilomètres de là où il se trouve pour échanger et venir en aide aux gens constituant son « cercle ». Un pouvoir fascinant qui donne subitement l’impression de pouvoir évoluer aux côtés de 7 autres personnes que soi-même, d’être multiple et du coup de se tirer de tout un tas de mauvais coups. Car toutes les personnalités très différentes du cercle sont au moment où se déploie l’intrigue en prise avec de grandes menaces.
Cette série Netflix chapeautée par les Wachowski se révèle extrêmement dense et riche en action. Menace d’aller en prison, courses poursuites en tous genres, vie constamment mise en danger : chaque épisode est riche en enjeux et en tension. L’exploit de cette fiction est surtout d’arriver à dessiner 8 personnages différents en leur donnant une vraie densité et à faire tenir toutes les sous-intigues qui y sont rattachées tout en maintenant un rythme de folie. Les différents protagonistes sont très attachants, presque jamais lassants, et en émane une sorte d’humanité propice à bouleverser plus d’une fois.
Il fallait indiscutablement beaucoup d’ambition et de courage pour mettre en chantier un pareil projet qui nous traine dans une multitude de vies et de décors. Généreuse, Sense8 est aussi pour notre plus grand plaisir très LGBT-friendly : un des 8 personnages est gay (Lito, acteur latino dans le placard qui s’illustre dans tout un tas de superproductions locales burnées) et l’autre est une belle femme trans (Nomi, un des meilleurs personnages, hackeuse téméraire qui peut compter sur le soutien indéfectible de sa petite amie Anita). Ce que l’on adore dans cette grande fresque rondement menée et assurément spectaculaire c’est sa façon de se jouer des clichés et de se ficher des étiquettes. Le personnage qui castagne le plus jusqu’à la déraison est une femme asiatique toute menue (la génialissime Sun incarnée par la non moins formidable Doona Bae, vue entre autres dans Cloud Atlas et A girl at my door), les filles fantasment devant des gays qui font l’amour, la majorité des « sensitifs » se connectent tous le temps d’une scène orgiaque et très open qui restera dans les mémoires.
Flirtant avec de nombreux genres (romance, thriller parano, action, science-fiction…), parvenant à la fois à divertir et émouvoir, Sense 8 touche par son désir de montrer un cercle soudé par ses différences, une nouvelle espèce humaine, réduite certes, où personne ne se juge mais tout le monde s’entraide. Alors certes l’intrigue et certaines scènes sont parfois totalement improbables. Mais on a envie d’y croire, on est emporté et on attend déjà de pied ferme la nouvelle livraison d’épisodes. Petit plus futile non négligeable : outre deux romances LGBT craquantes et émouvantes, le casting masculin est outrageusement HOT (on y retrouve, entre autres, le blond Max Riemelt déjà aperçu dans le film gay Free Fall).
A voir sur Netflix