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Skins Rise (2013) : Cook entre la vie et la mort
Ultime chapitre de la saga Skins, Skins Rise vient clôturer une septième saison que l’on pourrait résumer en trois films aux thèmes similaires mais aux genres différents, tous marqués par de fortes personnalités. Après l’implosion d’Effy dans le monde de la city dans Fire, l’entrée dans le monde adulte entre dure réalité et fantasme de Cassie, voici donc Fire avec le personnage, parfois clivant, de Cook. Issu de la deuxième génération de Skins (saisons 3 et 4) Cook est un anti-héros too much, qu’on jurerait voir sorti d’un film social anglais. Volontairement violent, rebelle, ultra fêtard et autodetsructeur, Cook avait laissé à l’époque quelques spectateurs perplexes. On le retrouve ici errant au milieu de la nuit, dans une ambiance sombre, mélancolique. Il travaille pour un petit caïd de la drogue, Louie, se définit lui-même comme un fugitif. Seul au volant de sa voiture, il nous gratifie de quelques pensées intérieures, parle de ses cauchemars. Le mélange de sensibilité, de violence, de tension et d’émotion, n’est pas sans évoquer le film Drive.
C’est sans aucun doute le segment le plus intense de cette dernière saison très cinématographique. Cook apparaît dès les premières minutes comme terriblement amoché par la vie, comme un fantôme triste. On comprend rapidement pourquoi : il a tué un homme, est en cavale, ne peut plus s’accorder une vie normale. Son travail est illégal, il n’a pas vraiment d’endroit où rentrer le soir, est entouré de personnes possiblement dangereuses. Le seul pilier de sa vie est une fille avec laquelle il couche depuis quelques temps : Emma. Elle travaille dans une station service, a fui ses parents, est visiblement elle aussi très seule. Si elle feint de ne pas être très intéressée par Cook, elle est à l’évidence amoureuse et ce qu’ils vivent s’apparente à un début de relation, même si le jeune homme fait beaucoup de mystères sur sa vie passée. Le climat désenchanté aurait pu se transformer en quelque chose de plus lumineux mais on comprend que ce ne sera pas le cas quand le petit fugitif croise le regard de Charlie, petite amie de son « patron » Louie. Charlie est à peu près tout l’inverse d’Emma : sûre d’elle, séductrice, un brin manipulatrice. Cook est chargé de l’escorter en voiture, de veiller sur elle. Et cette dernière ne se gêne pas pour l’allumer à la première occasion. Il résiste, découvre qu’elle couche avec un des autres hommes de main de Louie. Mais plus tard il flanche et cède à ses pulsions. Juste après cela, ils sont convoqués chez Louie qui a découvert la liaison de Charlie avec l’autre garçon. Louie l’exécute devant tout le monde. Cook comprend alors qu’il risque sa peau et envisage de fuir dans la nuit avec sa petite amie. Mais Charlie l’appelle et lui demande de la sauver. Il accepte et ils partent tous les trois se cacher dans la famille d’Emma. La suite tiendra d’une véritable descente aux enfers se muant dans son épilogue en réflexion sur la vie et la mort, un portrait sanglant et émouvant d’un jeune mec condamné à rester seul, à voir disparaître ceux qu’ils aiment.
Comme pour Effy et Cassie, Cook est confronté à un choix sentimental qui pourrait être déterminant. Emma, l’amoureuse sincère et simple ou Charlie, la fille fatale, possiblement toxique. Le personnage semble lutter continuellement contre ses propres démons, ses pulsions. On sent sa volonté de bien faire, de marcher droit, mais quelque chose l’en empêche : il finit toujours par se retrouver dans les mauvais coups, à faire plus ou moins involontairement le mal autour de lui. L’acteur Jack O’ Connell livre une sacrée performance et permet à la saga Skins de se clôturer avec une belle intensité. Et Hannah Britland, dans la peau de Charlie, est parfaite en garce à fleur de peau. Une fois de plus avec cette série de référence les personnages sont forts et évoluent dans un univers visuel affirmé, orné d’une bande-originale savamment élaborée. Skins fera date et se conclue ici dans une noirceur certaine, laissant planer le mystère de la vie.