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« The Assassination of Gianni Versace » : homophobie et meurtres avec un Darren Criss incroyable

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La deuxième saison de la série « American Crime Story » s’est achevée et elle nous a mis KO ! Ce deuxième chapitre, distinct du premier et intitulé « The Assassination of Gianni Versace », raconte comme son titre l’indique le meurtre du célèbre couturier par un jeune gay pour le moins torturé, Andrew Cunanan. Librement inspiré de ce tragique fait divers, la mini série nous en a mis plein les yeux avec une mise en scène de haut vol, une belle BO, un scénario retors à souhait et une distribution impeccable.

On avait déjà été séduit par le pilote mais la suite nous a entraîné bien plus loin que tout ce qu’on aurait pu imaginer. Contrairement à ce à quoi on aurait pu s’attendre, la série pilotée par Ryan Murphy ne s’est pas tant que ça attardée sur le portrait de Versace. Le show est beaucoup plus focalisé sur la figure d’Andrew Cunanan qui est aussi fascinant que vraiment dérangeant. On aimait bien Darren Criss mais on avoue qu’on ne l’imaginait pas être aussi intense et profond dans son jeu. Il nous a laissé sans voix dans ce rôle de garçon magnétique et vénéneux, attachant et répugnant à la fois, complètement angoissant.

Là où « The Assassination of Gianni Versace » se révèle très forte, c’est définitivement dans sa façon de traiter de l’homophobie. Dans un climat anxiogène où le Sida menace, tous les protagonistes gays ne s’assument pas vraiment et composent avec une relative haine d’eux-mêmes. Extrêmement sombre et parfois très violent psychologiquement, l’ensemble est d’une radicalité saluable et appuie là où ça fait mal. La maladie cachée de Versace, l’enfer d’un homo dans la Marine, l’envie permanente d’être un autre.

Sans lui trouver des excuses, les scénaristes expliquent la trajectoire d’Andrew Cunanan dont la vie va de désillusion en désillusion. Un père menteur, misogyne et incestueux, une vie sans promesse, les portes de la haute société qui restent fermées. Plutôt que d’accepter de se satisfaire de ce qu’il a ou de subir, Andrew décide de provoquer sa chance. Complètement mythomane, maîtrisant l’art de la conversation (inculqué par son paternel) à la perfection, il ne cesse de changer de personnalité et de s’inventer des vies qui n’existent pas. Conscient de son physique avantageux, il s’en sert pour casser les barrières en séduisant et manipulant des hommes murs et fortunés dans le placard. Jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent qu’ils sont tombés sur un sacré spécimen capable du pire…

A une profonde mélancolie et une succession d’existences basées sur des mensonges plus ou moins grands s’opposent des meurtres matérialisant la rage et la frustration du jeune Andrew. Capable de se transformer en bête sanguinaire quand on le blesse ou se refuse à lui, il est obsédé par deux hommes : d’un côté Versace qui représente l’idéal de réussite qui le fait rêver et qu’il s’obstine à vouloir poursuivre et de l’autre la figure de David, le seul garçon qu’il ait jamais aimé mais qu’il n’a pas su garder en raison de sa folie.

Véritable plongée au coeur des ténèbres malgré son imagerie solaire et ses corps tentateurs, « The Assassination of Gianni Versace » perturbe de bout en bout avec son atmosphère désenchantée, morbide et terrorisante. Derrière les sourires et le paraître, on se drogue, on se fait rejeter, on est poussé au refoulement, contraint à prétendre être quelqu’un que l’on n’est pas. Une spirale infernale sans temps mort qui marque au fer rouge.

Produit en 2018 / Disponible sur Netflix

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3