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THE CAKEMAKER d’Ofir Raul Graizer : un drame amoureux qui hante

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C’est l’une des belles surprises cinéma de l’année qu’on n’avait pas vu venir.  Subtil et délicat, très tendre aussi, « The cakemaker » d’Ofir Raul Graizer est de ces oeuvres qui entêtent et laissent une belle trace après leur vision.

A Berlin, Thomas (Tim Laklhof) reçoit régulièrement la visite d’Oren (Roy Miller). Ce dernier, bel homme marié, passe dès qu’il le peut lors de ses voyages d’affaires à la boutique de gâteaux tenue par Thomas. Un jour, Oren ose lui faire des avances et commence entre eux une liaison qui restera secrète. Si Thomas espère plus, il ne le formule pas, intériorisant sa frustration. Et voilà qu’un jour Oren ne répond plus.

Désemparé face à la disparition de celui qu’il aime, le pâtissier décide d’aller dans la ville de celui-ci, Jérusalem. Il rencontre sa femme, Anat (Sarah Adler), tenant un café casher qui a du mal à décoller, et son fils. Il propose, l’air de rien, ses services. Et voici Thomas travaillant avec la femme d’Oren et boostant son petit commerce avec ses pâtisseries. Un lien inattendu se tisse au-delà de leurs différences. Mais les lourds secrets de Thomas et le poids la tradition (les gens du coin voient d’un mauvais oeil cette incursion d’un allemand dans leur petit monde) risquent bien de venir semer le trouble.

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Ce qui reste le plus de ce film plein de sensibilité, c’est son atmosphère. Quelque chose d’à la fois très doux, pudique et mélancolique, qui enveloppe. Une petite musique qui respire l’amour, la tendresse et un désespoir un peu sourd. La solitude profonde s’oppose à l’envie d’aller vers l’autre, de chérir le souvenir de l’amour. C’est une oeuvre de fantôme qui ne dit pas son nom, un deuil à l’économie de mots.

Là où « The cakemaker » est très fort, c’est dans sa façon de poser et de développer le personnage féminin formidablement incarné par Sarah Adler. Un rôle qui aurait pu facilement être cliché ou ingrat et qui est ici magnifique, plein de nuances, représentant la confusion des sentiments,  cette impuissance face au ressenti. On a envie que Thomas et Anat soient amis, soient ensemble. Une amitié, une relation merveilleuse, peuvent naître dans les situations qui s’y prêtent pourtant le moins.

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Le personnage de Thomas est lui complètement captivant. En allant à Jérusalem il renoue avec le souvenir nécessaire de celui qu’il aime et n’oublie pas mais il s’approprie aussi son quotidien, se met dans sa peau. Il est à la fois victime d’une tragédie et usurpateur, il ment et trompe comme par nécessité, sans se l’expliquer.

Pour la profondeur de son scénario, ses nuances, sa mise en scène d’une infinie délicatesse et son univers intimiste, très personnel et sensoriel, « The cakemaker » est une totale réussite, un drame plein d’humanité qu’on n’oublie pas de si tôt.

Film sorti le 6 juin 2018

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3