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The L.A. Complex, saison 1 : rêves de gloire et déboires

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Abby (Cassie Steele) quitte son Canada natal pour poursuivre son rêve de devenir actrice à Los Angeles. Mais, enchaînant les castings désastreux, elle commence à se demander si elle a bien fait de tenter l’aventure. En pénétrant dans une résidence dans laquelle vivent plusieurs artistes à différents stades de leur carrière, elle va trouver un écho à ses problèmes, se faire de nouveaux amis et peut-être même tomber amoureuse…

Dans les parages on trouve Connor Lake (Jonathan Patrick Moore), beau gosse en pleine ascension puisqu’il vient de décrocher le premier rôle dans une série tv hospitalière. Mais ce rôle d’envergure génère chez lui de violentes angoisses, des instincts d’autodestruction mêlés à des problèmes d’assurance. Il y en a pourtant beaucoup qui seraient ravis d’être à sa place…Raquel (Jewel Staite, excellente) par exemple, qui a connu le succès avec une série ado avant de chercher désespérément de nouveaux projets. Quasiment has been avant l’heure, cette femme de caractère, manipulatrice, croit voir le bout du tunnel quand deux jeunes réalisateurs lui proposent un rôle en or dans leur film indé. Mais le projet n’est pas financé et si elle ne les aide pas, elle pourrait se faire piquer le rôle par une tête plus connue. L’argent, un problème récurrent pour bien des artistes. Alicia Lowe (Chelan Simmons), apprentie danseuse, douée mais peinant à trouver des contrats a , elle , trouvé comment manger en attendant la gloire : elle officie comme strip teaseuse dans un club privé. Mais alors que se succèdent les rejets, elle se met elle aussi à douter et accepte de tourner une sex tape avec un acteur plus âgé, désireux de faire son comeback. De quoi lui ouvrir les portes de l’industrie du X…Pendant ce temps-là, Nick Wagner (Joe Dinicol), jeune homme à lunettes charmant mais maladroit, tente de percer dans le stand up et fait un bide retentissant. Ne faisant rire personne, il essuie aussi bien des revers dans sa vie sentimentale… Un problème que pourrait partager avec lui Tariq (Benjamin Charles Watson), compositeur RNB passionné qui joue le stagiaire larbin dans une maison de disques avant que quelqu’un daigne le remarquer. Par une astucieuse manipulation, le son du jeune artiste arrive jusqu’aux oreilles d’un rappeur à la mode qui songe à l’embaucher. Mais quand il entame une liaison torride avec ce dernier, qui, à la ville,  est un homophobe notoire, forcément, cela complique les choses…Rêves de notoriété et d’amour, tentations et désillusions : Bienvenue dans le monde du show business !

Désignée comme un mélange moderne de Melrose Place et Entourage, THE L.A. COMPLEX, série canadienne, a tout pour ravir les amateurs de soap. Casting éclectique et sexy, l’atmosphère excitante et vénéneuse de Los Angeles, et surtout la quête de reconnaissance et identitaire de personnages entre 20 et 40 ans. Doté d’une belle photographie et d’acteurs convaincants, le show tient en haleine du début à la fin, nous offrant 6 épisodes aussi divertissants que passionnants et relève le défi de rendre attachant chacun de ses protagonistes. On s’attache à eux sans mal car si leurs rêves et leur quotidien pouvaient à priori sembler éloignés  des nôtres, en cette période de crise où chacun est exposé au rejet, dans notre société où trouver l’âme sœur est devenue un parcours du combattant, on se dit que leurs préoccupations d’artistes, faites de castings et d’amourettes n’ont rien de si lointain à nous.

Si les scénaristes n’oublient pas l’humour, celui-ci s’avère souvent noir (comme la lutte entre Abby et Raquel pour un petit rôle de prostituée dans une série qui finit par tourner au grand n’importe quoi). Une noirceur qui se propage au fil des épisodes, la légèreté d’un quotidien plein de temps libre et l’éclat du soleil n’empêchant pas les descentes aux enfers. Jusqu’où peut-on et faut-il aller pour tenter de réaliser son rêve ? Dans des métiers où la chance joue beaucoup, on a vite fait de se laisser envahir par la fatigue et la lassitude. Abby envisage ainsi plusieurs fois de rentrer chez elle. Mais il paraît que ce n’est qu’en s’accrochant qu’on parvient à décrocher quelque chose. Un refrain que se répète l’obstinée Raquel, refusant de voir sa carrière se briser (son agence l’expulse, son seul moyen de jouer dans un film est de participer à son financement et pour obtenir ce dernier elle ne trouve que comme seule opportunité de draguer un riche médecin à une réunion des alcooliques anonymes – auxquelles elle se rend uniquement pour son réseau !). Il faut aussi savoir faire des compromis. C’est ce que se dit Alicia, se prêtant au jeu de la sex tape pour faire le buzz avant d’être tentée par le monde du porno où il est plus facile de se faire de l’argent rapidement à défaut de durer…Compromis aussi pour Tariq, qui accepte d’être sous-estimé en permanence par ses supérieurs et qui doit composer avec la double identité du rappeur dont il tombe amoureux (au passage, quelle belle idée que cette romance gay entre un rappeur faussement homophobe et macho et un jeune black sensible !).

Tout ça pour quoi ? La question mérite d’être posée quand on voit dans quel état est Connor, le beau mec de la bande qui est aussi le seul à être sur le point de devenir une star. Alors qu’il réalise son rêve en devenant la tête d’affiche d’une série qui sera diffusée sur une grande chaine, ses doutes pourraient s’envoler. Mais non : même quand on accède au rôle tant convoité, d’autres inquiétudes arrivent : la peur de ne pas être à la hauteur, la pression de l’équipe technique, de la prod’, un changement de vie qui isole de ses proches…Connor n’a même pas le temps de savourer sa « victoire » qu’il est rattrapé par ses vieux démons et  finit tout aussi malheureux que ses amis en galère.

Si l’amour est ici bien présent, il s’agit avant tout de l’amour-propre, ô combien mis à rude épreuve. Les relations sentimentales, elles, ont tendance à passer au second plan, s’adaptant mal aux plans de carrières. Mais quand les émotions rattrapent les protagonistes, cela n’est pas forcément pour leur faire le plus grand bien. Comment poursuivre son rêve et rester intègre ?…Si tous les artistes en devenir connaissaient la réponse, le chemin de croix de THE L.A. COMPLEX ne serait pas aussi stimulant.

Diffusée sur une petite chaine du Canada, la série n’a, au moment de l’écriture de ces lignes, que 6 épisodes. Une diffusion américaine à venir sur la CW devrait déterminer son avenir. On croise les doigts pour pouvoir bénéficier de la suite des (més)aventures de ces personnages savoureux.

Blog rédigé en solo par Gaspard Granaud. Avec la précieuse aide de Pierre pour la période avril-mai 2022, merci <3