CHEESE !
Tomber des nu(e)s : Marc Martin poursuit l’obsession Mathis Chevalier
Marc Martin et Mathis Chevalier ont visiblement eu un grand coup de coeur artistique : après leur délicieuse collaboration pour le court-métrage MON CRS, nous les retrouvons désormais autour du projet photo Tomber des nu(e)s. On avait bien senti que Marc Martin ne pouvait se restreindre à « seulement » filmer Mathis Chevalier : il n’avait ainsi pas pu s’empêcher de transformer son court-métrage avec lui en occasion de créer un coffret avec des photos en bonus.
Tomber des nu(e)s, comme son titre facétieux l’indique, entend explorer la figure du nu masculin avec une certaine insolence. Mathis Chevalier devient alors le corps de tous les fantasmes et imaginaires jusqu’à l’obsession (une partie du projet est exposée justement à la galerie Obsession à Paris jusqu’au 8 juin 2024).
Marc Martin part de ce qu’est le somptueux et viril Mathis (un ancien champion de MMA hétéro au corps aussi musclé et suave que son visage est adorable, doux et séduisant) pour aller, avec sa complicité, de plus en plus loin dans l’exploration artistique du rêve masculin. Le photographe et le modèle/acteur se régalent et nous régalent en revisitant des classiques du nu, provenant aussi bien de la peinture, de la photographie que du cinéma. Le tout saupoudré de poésie et de réflexions.
Comme pour chaque projet de Marc Martin, pour apprécier l’ensemble et l’essence de la création, il est fortement conseillé de se procurer le beau livre créé pour l’occasion. Une fois encore, Marc Martin et son équipe délivrent un beau livre impressionnant de beauté et de densité. Les merveilleuses photographies côtoient textes, interprétations et réflexions d’artistes, penseurs, esthètes, journalistes et amis de Marc Martin.
L’ensemble se contemple et se dévore selon l’envie. On peut ainsi le prendre comme un énorme paquet de bonbons raffinés avec ses portraits débordant d’homoérotisme, nous titillant gentiment avec des clichés oscillant entre poses artistiques, petites provocations et débordement de testostérone (on l’a dit et on le redit ici mais Marc Martin a vraiment ce talent qui fait que ses photos se ressentent mais aussi donnent l’impression qu’on peut les sentir tout court – on croirait en tournant les pages du livre, avoir les odeurs en plus des images et elles sont définitivement enivrantes et troublantes).
On peut aussi accueillir le projet comme un projet d’art avec un grand A. Car mine de rien, tout ici apparait comme joyeux et spontané autant que chaque photographie se révèle profondément pensée, réfléchie, pleine de références et de subtilités qui se dévoilent au fil des consultations.
Si le corps masculin, sa représentation et la masculinité / virilité sont au coeur de Tomber des nu(e)s, évidemment impossible de ne pas se laisser absorber par l’insolente beauté de Mathis Chevalier qui est ici tout ce dont un gay peut rêver. Marc Martin pousse à son paroxysme le fantasme et le magnétisme du jeune mâle hétéro qui se mue de champion de MMA en statue ou modèle de tableau soudainement de chair et d’os, en amant fiévreux, en marin solitaire et ouverts aux parenthèses entre mecs, en corps en mouvement ou figé que ce soit dans la nature, en territoire urbain, en friche ou en intérieur, dans l’intimité.
A une époque où les réseaux sociaux censurent plus que jamais la nudité, ce projet apporte un grand bol d’air frais et de liberté, une poésie des corps qui se rappellent à nos mirettes.
Tomber des nu(es) : exposition jusqu’au 8 juin à la Galerie Obsession à Paris / Beau livre disponible à la vente
